Avec « La Maison d’en face », Léo Walk chorégraphie la vie
Artiste complet, Léo Walk est à la fois [...]
Danse contemporaine - Critique
Nina Laisné poursuit sa quête du spectacle total, en véritable concert de musique, de danse et de chant. Malgré un univers visuel « barococo », les interprètes finissent par exalter, sur le fil, la richesse d’un répertoire folklorique d’Amérique du Sud.
L’ouverture solennelle, tout en cuivres profonds, s’installe en hauteur dans la pénombre d’un calice monumental. Drapés de noir, les trombonistes, lentement, descendent tirer de sa torpeur un étrange faune échoué sur le sol. Lui, c’est François Chaignaud. Qui d’autre pour sublimer ce corps au crâne nu, enserré dans un justaucorps hésitant entre rapiècement et exosquelette, entre lambeaux de tissus transformant la chair et ornements brodés ? Son éveil le force à une danse qui frôle le butô, fléchie et ployée en demi-pliés. Il trouve ensuite en Nadia Larcher une compagne de jeu, créature aussi étrange échappée du même rêve. Présence vive et malicieuse, elle laisse cependant au danseur ses contorsions et ses recroquevillements terriens, capables de libérer en un éclair des tours éclatants. À deux, ils explorent un espace fait de roches en carton-pâte, hideuses réminiscences du kitsch d’un décor semblant recyclé d’un opéra. Difficile de rentrer dans l’esthétique de cette proposition de Nina Laisné, car entre le décor et les costumes, ça pique les yeux… mais pas les oreilles.
Tour de danse et tour de force de François Chaignaud
Il faut accepter d’être loin de la grande beauté visuelle d’Arca Ostinata, pièce que l’artiste avait signée avec Daniel Zapico – presque une épure au regard d’Último Helecho. C’est véritablement l’univers musical qui va réussir à nous embarquer dans cette nouvelle création, dédiée à un répertoire issu des traditions argentines et péruviennes. Il y a beaucoup d’érudition dans ce voyage musical et chorégraphique, et beaucoup de virtuosité de la part des six instrumentistes. Et, sans conteste, il n’y aurait pas eu meilleurs chanteurs et danseurs que François et Nadia, capables de résister à cet environnement par trop baroque, de s’emperruquer dans la roche et de chanter l’amour et la mort, même s’il en faudrait peu pour verser dans le grotesque. Au fil du spectacle, ce qui s’annonçait comme un duo originaire d’on ne sait quelle mythologie fantasmée évolue vers le collectif et la fête. Les musiciens laissent percer la couleur et les sequins de leurs habits noirs, et s’engagent volontiers dans la danse. François Chaignaud achève de nous emporter par ses ronds de jambes bottées d’or, dans un zapateado en dedans-dehors porté par une frénésie marionnettique. Puis, parés de cheveux et de lourdes chasubles, ils deviennent les roi et reine d’une célébration que l’on finit par acclamer.
Nathalie Yokel
à 20h30 dans le cadre du Festival Musica. Tél. : 03 88 27 61 81. La Filature, scène nationale, 20 allée Nathan Katz, 68100 Mulhouse. Le 5 octobre à 17h dans le cadre du Festival Musica. Tél. : 03 89 36 28 28. Les 2 Scènes, scène nationale, Théâtre Ledoux, 49 rue Mégevand, 25000 Besançon. Le 14 à 20h et le 15h à19h. Tél. : 03 81 87 85 85. Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt 2 place du Châtelet, 75004 Paris. Les 28 et 29 novembre à 20h, le 30 à 15h, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. Tél. : 01 42 74 22 77. Spectacle vu à la Biennale de la Danse de Lyon
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