Les trois comédiens dirigés par René Chéneaux disent l’indignation et la colère que Yasmina Khadra exprime par le biais d’une fiction terroriste aux accents véridiques et cruels.
« L’exposé du chemin par lequel passe un kamikaze avant le passage à l’acte. » : tel est le projet des Sirènes de Bagdad que René Chéneaux met en scène avec autant de sobriété que de force, en s’appuyant seulement sur la puissance évocatrice du récit de Khadra, sur la musicalité et la précision de sa langue et sur la capacité des comédiens à faire leur ce récit d’humiliation où un jeune Bédouin, promis à la quiétude de l’ouvrage intellectuel, se fait combattant et vengeur de la nudité dévoilée de son père. Faisant en sorte d’ « objectiver le récit », René Chéneaux hisse ce destin d’épouvante à la hauteur de celui des terribles victimes des tragédies antiques en composant, à partir du texte du grand écrivain algérien, un théâtre qui « cherche la ligne de crête, à la manière d’Eschyle ou Camus, entre l’acte dément et l’acte juste, entre le terrorisme et la révolte. »
Trois voix pour les Sirènes de Bagdad, de Yasmina Khadra ; adaptation et mise en scène de René Chéneaux. Les 2 et 3 octobre 2009. Théâtre Jean-Vilar, 1, place Jean-Vilar, 94400 Vitry-sur-Seine. Réservations au 01 55 53 10 60. Reprise au Centre Culturel Algérien, rue de la Croix-Nivert, 75015 Paris, le 9 octobre 2009.