TRIO MAJEUR

Vous vous connaissez tous les trois sur le bout des doigts. Comment cela a-t-il influencé la musique de cet enregistrement?
Jean-Paul Celea : Se connaître aide à passer directement à la musique, sans palabres inutiles. C’est un indéniable atout pour aller à l’essentiel.

Daniel Humair : On ne connaît jamais la musique et on doit toujours être à l’écoute de la plus infime et modeste proposition, en mesure d’approfondir le moindre accident. En étant vierge de tout plan, la musique se laisse ouvrir et je crois que même des partenaires de longue date  peuvent encore proposer de nouvelles aventures.

C’est un disque de “standards” pas comme les autres. Plusieurs titres du disque sont inspirés par des oeuvres de musique classique…
Jean-Paul Celea : L’idée vient de Daniel. C’est lui qui, le premier, a proposé l’Adagietto de Mahler…

Daniel Humair : Admirant profondément le son et la richesse harmonique de mes amis, j’ai eu envie de travailler sur des thèmes connus et complètement balisés. Le challenge était de se les approprier sans respect inutile.

François Couturier : Nous avons traité les pièces classiques très simplement : sans réharmonisation sophistiquée par exemple. Il ne s’agissait pas de jazzifier ces grandes œuvres. Nous avons joué (piano et contrebasse) les thèmes tels qu’ils sont écrits en les orchestrant simplement pour ce trio et en nous en servant comme base d’improvisations libres.

« Ce disque est le point de rencontre de 3 musiciens débarrassés du souci de la performance pour ne tendre que vers l’expression la plus directe et la plus sincère.»

Jean-Paul Celea : Des trois, je suis le seul à pratiquer la musique classique. Je n’ai jamais eu l’impression de trahir aucun des compositeurs dont nous avons emprunté les mélodies, au contraire, j’y découvre en les jouant avec le trio une émotion nouvelle et différente de celle que j’ai pu ressentir en les jouant au sein d’orchestres symphoniques…

L’album sonne d’une manière très particulière, très libre, dans un dialogue à 3 qui apporte quelque chose de vraiment nouveau à ce que l’on connaissait de vous auparavant…
Jean-Paul Celea : Ce disque est le point de rencontre de 3 musiciens débarrassés du souci de la performance pour ne tendre que vers l’expression la plus directe et la plus sincère.

François Couturier : L’originalité de ce trio vient de la réunion de 3 personnalités musicales très proches et pourtant très différentes, et du plaisir de jouer ensemble. Avec aussi une prise de risque
liée à la réelle différence de nos univers et de nos parcours  musicaux

Daniel Humair : On se découvre tous les jours car l’écoute de l’autre est sans limites. On a en nous un filtre d’autocritique qui fonctionne en permanence. Enregistrer un disque aujourd’hui et réussir dans cette entreprise demande un état d’esprit non mercantile. On est là pour apprendre et se surprendre. On sonne « nouveau » et en même temps on reste dans un concept de trio jazz.

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec

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Lundi 1er octobre à 20 h à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet (Square de l’Opéra Louis-Jouvet – 7 rue Boudreau 75009 Paris). Tél. 01 53 05 19 19. Site : http://www.myspace.com/beejazzrecords