Iphigénie de Jean Racine, mise en scène de Stéphane Braunschweig
Pour sa nouvelle mise en scène, le directeur [...]
Théâtre - Critique /THEATRE MUSICAL
Narcisse interprète des textes et musiques de sa composition, accompagné à la guitare et au piano par Robin Pagès. Les mots prennent corps et les idées prennent vie dans ce spectacle original et envoûtant.
Neuf écrans plats s’animent comme par magie… Images et sons composent un décor protéiforme dont les changements sont remarquablement réglés. Maîtrise technique bluffante, certes, mais pas seulement ! Car si Narcisse est expert en informatique, il est aussi champion en poésie et slameur prodige : le spectacle qu’il a imaginé et interprète est loin d’être une simple performance technologique. La boîte à malices à l’intérieur de laquelle le comédien-chanteur se démultiplie est aussi l’endroit où il accueille comparses vivants et morts pour composer un chœur exaltant la supériorité de la pensée sur les mots trompeurs. Contre les injonctions mortifères, les admonestations assourdissantes du monde ultra connecté, les slogans imbéciles du divertissement, la pub clinquante et la morale pudibonde, Narcisse invite le public à refuser le conditionnement médiatique, consumériste et libéral en rappelant la supériorité de ce qui s’offre sur ce qui se vend.
Pour un humanisme postmoderne
La voix grave et envoûtante de Narcisse est accompagnée par le musicien Robin Pagès sur ce chemin truculent et inventif, jusqu’à la chute en forme de feu d’artifice sémantique, qui révèle le sens du titre de ce spectacle. On ne peut la révéler sans trahir le propos, mais on peut dire le plaisir pris à entendre l’éloge des seins et des femmes caressantes, la critique acerbe des ménagères qui oublient que l’amour est plus important que la vaisselle, la robuste colère contre ceux qui croient que ce qu’ils croient mérite de tuer ceux qui croient autrement, le rire salutaire contre les inventeurs de complots ou de potions magiques… Narcisse pourfend maîtres à penser et maîtres à dépenser, idéologues et gourous, rhéteurs et bonimenteurs, phallocrates et puritains qui asservissent et enchaînent. Le verbe fou du poète et la guitare virtuose du musicien font merveille pour exalter la liberté de l’esprit et la douceur de l’humour en une savante alliance d’humanisme et de technophilie.
Catherine Robert
Tous les lundis à 19h30. Tél. : 01 48 24 47 65. Durée : 1h15.
Pour sa nouvelle mise en scène, le directeur [...]