« Port-au-Prince et sa douce nuit », une rencontre dans le chaos haïtien par Lucie Berelowitsch
Aventure humaine autant que théâtrale, la [...]
Avec le Groupe 47 de l’École du TNS, Sylvain Creuzevault crée l’adaptation de L’Esthétique de la résistance, de Peter Weiss. Une traversée des œuvres et de l’histoire à la lumière de la lutte des classes.
« J’ai choisi ce roman comme support de travail avec les étudiants du Groupe 47 parce qu’il me permet de construire avec eux une généalogie théâtrale. Nous faisons au théâtre ce que fait le narrateur dans d’autres arts : fréquenter des œuvres représentant une résistance à l’oppression et, à partir d’elles, se forger les clefs de lecture de la catastrophe que le narrateur traverse. Le roman mêle deux fils : une histoire des représentations de la lutte des classes à travers les arts et une histoire de la résistance intérieure allemande au nazisme. Ces deux fils s’enroulent à la vie d’exil et de combats du narrateur. Pendant deux ans, à raison de cinq stages d’un mois, nous avons visité ce roman en explorant les formes théâtrales permettant de l’éclairer. Théâtre documentaire, théâtre-récit, théâtre de tréteaux, agitprop, théâtre de Brecht (avec lequel le narrateur passe la deuxième partie du roman), etc. : nous avons travaillé ces formes où l’art de l’acteur requiert une geste de la distance.
Faire avec pour apprendre à faire
Cette promotion est comme un théâtre en ordre de marche, avec ses différents métiers. Lorsque je suis avec elle, je sens les forces vives de chacun prêtes à dévorer les planches. Il y a quelque chose de drôlement tragique à suivre les personnages, qui ont vingt ans au mitan du XXème siècle, en compagnie d’une génération née au XXIème. Les ressemblances et les différences sont saillantes, mais la question qui revient constamment est celle de la construction d’une unité. Qu’y a-t-il de plus terrible dans la montée du nazisme et dans le Troisième Reich ? Non pas de ne pas voir naître la bête immonde : tout le monde voit ce qui se passe. Le plus dingue est l’échec d’une résistance unifiée. Pourquoi les forces antifascistes échouent-elles à empêcher la possibilité du pire ? Poser cette question aujourd’hui est très sensible. Car nous sommes en guerre, et comme dans les années 30, nous sommes désunis. Alors, nous avons préparé des structures, c’est-à-dire des passages au plateau, en explorant plusieurs possibilités scéniques (pour passer de la visibilité de la catastrophe à son intelligibilité théâtrale), en tentant de faire jouer les affects contradictoires qu’on ne peut manquer de ressentir dans ce genre de situations extrêmes et d’impasses. Chaque étudiant propose des passages au plateau sur différentes parties du texte, pour aller vers un spectacle. Voir ainsi cheminer tout le groupe, les regarder trouver des solutions scéniques pour faire entendre ce texte que peu de gens ont lu, est une des plus belles expériences pédagogiques de ma vie. »
Propos recueillis par Catherine Robert
Du 1er au 16 mars 2025. Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h. Relâches les lundis. Tél. : 01 44 85 40 40. www.theatre-odeon.eu. Durée de la représentation : 5h45 avec entractes.
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