Sujets à vif

Huit formes courtes, huit confrontations. Pas d’éclairage, peu de scénographie… mais l’inédit de la rencontre et la créativité débarbouillée d’artificieux atours pour dévoiler, en une demi-heure, le sujet à vif et tenter de nouvelles expérimentations. Telle est la règle fixée par la SACD dans les « Sujets à vif » qui se conjuguent au pluriel et croisent la danse, le théâtre, la musique, le cirque et la performance. « Des créateurs d’univers différents acceptent le défi de se mêler et d’imaginer ensemble une sorte de métissage, des créations éphémères dont certaines vivent et circulent encore bien plus tard. » résume Jacques Fansten, président de la SACD. Et l’édition 2013 ne dément pas l’ambition.

Du rap au cirque

La poésie rocailleuse du rap traverse plusieurs des sujets. D’ de Kabal fait ainsi alliance avec la danseuse Emeline Pubert pour interroger la physicalité du corps, instrumental ou dansé. Dgiz rejoint le fildefériste Sébastien Le Guen et le compositeur Jérôme Offmann pour inventer un cirque électro où les mots virevoltent en tous sens au cœur des peurs d’enfant. En scène avec le comédien Pierre Cartonnet sous l’œil du chorégraphe Pierre Rigal, Hassan Razak bataille entre paroles et percussions corporelles. Le verbe en toute puissance anime aussi la comédienne Sarah Chaumette et la metteuse en scène Mirabelle Rousseau qui redonnent souffle au manifeste libertaire féministe de Valérie Solanas, tout comme l’engagement porte le geste de la danseuse Mamela Nyamza et de la comédienne Faniswa Yisa, toutes deux Sud-africaines, militantes des droits de l’homme. Le comédien Vincent Dissez et la performeuse Pauline Simon se laissent guider par la « soif d’errer à la rencontre de tout », comme disait Breton. Formées par Stanislas Nordey, les actrices Ambre Kahan, Duncan Evennou et Karine Piveteau donnent une boum théâtrale. Quant à l’acteur Nicolas Maury, c’est escorté du musicien Julien Ribot qu’il livre un autoportrait troublé par la fiction. Comme chaque année, ces sujets piqués au vif des artistes montrent que l’art gagne souvent en se frottant à l’expérience.

Gwénola David