Sarah Lenka, diseuse de blues

Dès son premier album, Am I Blue, consacré au répertoire de Billie Holiday, Sarah Lenka démontrait son intention de suivre une voie divergente. Depuis, elle a persisté et signé, qu’il s’agisse d’un bel hommage folk-blues à Bessie Smith, ou de Women’s Legacy, où elle habitait de son timbre légèrement voilé les chants de femmes maltraitées, qu’elle avait patiemment collectés. C’est encore dans cette veine qu’elle a publié Isha, qui signifie « femme » en hébreu, où elle entend honorer celles qui ont été trop longtemps invisibilisées. Elle y salue sa grand-mère, Betty, parmi d’autres qui ont été contraintes à l’exil, au travers une bande-son qui outrepasse les injonctions de frontières esthétiques comme le répertoire transcende les questions de mémoire. À la clef un recueil qui sonne du plus juste.

Jacques Denis