Sans titre (2014)

Dénuder, minimiser, pour que le regard, l’action et la pensée se déploient de la façon la plus efficace possible : ce principe traverse toutes les pièces de Xavier Le Roy, aussi radicales qu’inimitables. Pour sa prochaine création, Sans titre (2014), la question de l’épure – ou même de la perte – est au fondement même du protocole de création. Il prépare une expérimentation en trois temps, dont chacun correspond à un mode spécifique de représentation et d’adresse au public : la conférence, le spectacle, le concert. Mais chacun de ces modes de représentation est frappé par la disparition d’un protagoniste du projet. Comment recomposer la proposition avec les éléments restants ? Comment la perte, le deuil peuvent-ils devenir une force motrice ?

Jouer avec les règles

Depuis ses débuts en danse – il sortait alors d’un doctorat de biologie – Xavier Le Roy interroge les discours qui accompagnent chaque création. Ainsi, cette nouvelle création en réactive une autre, présentée sans titre et surtout sans nom d’auteur, en 2005. Avec Sans titre (2014), le chorégraphe reprend et prolonge cette démarche. Plus qu’une chorégraphie, c’est alors une situation qu’il s’agit de créer, souligne-t-il : « Enlever un des éléments habituellement nécessaire au dispositif du théâtre conduit à une nouvelle situation qui fait spectacle et incite les protagonistes à renégocier leurs relations aux règles, aux autres et à leur propre expérience« . Et si l’on considère, comme il nous y invite, que le spectateur fait partie des protagonistes en question, alors c’est à chacun de nous de cheminer dans ces nouvelles règles du jeu, à la fois structurantes et flexibles : l’occasion de rejouer les frontières entre public et plateau.

Marie Chavanieux