Marielle Le Monnier joue Hélène de Montgeroult
Compositrice, pianiste et pédagogue, Hélène [...]
Classique / Opéra - Entretien / Benjamin Bagby
Benjamin Bagby, l’un des principaux ambassadeurs de la musique et des grands textes médiévaux depuis plus de quarante ans, a conçu pour le Châtelet un spectacle autour du célèbre Roman de Fauvel (début du XIVe siècle) mis en scène par Peter Sellars. Sur scènes, sept chanteuses de l’ensemble Sequentia redonnent vie à ce personnage mi-homme mi-bête, allégorie des vices de son temps.
Votre travail pour le spectacle a commencé avec la fréquentation du manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale. Pouvez-vous nous parler de ce document ?
Benjamin Bagby : Se retrouver ensemble, avec Peter Sellars et les chanteuses autour du manuscrit original de 1320, le plus ancien conservé du Roman de Fauvel, a été un moment absolument magique. C’est un témoin de l’histoire, de la musique, de la poésie, de la peinture française auxquels ont participé les jeunes clercs de la chancellerie de Philippe le Bel. Au texte (6000 vers !) s’ajoutent des images, certaines très détaillées, et d’autres juste esquissées, dans un style très « Charlie Hebdo ». Il y a également beaucoup de musique : cent soixante-neuf pièces musicales, qui sont à la fois de la musique « ancienne » (celle de l’École de Notre-Dame notamment), reproduite, arrangée ou pastichée, mais aussi des compositions contemporaines, plus expérimentales, des polyphonies, des motets à trois voix, très virtuoses, que l’on doit probablement à Philippe de Vitry. La notation musicale est innovante et très soignée.
Comment avez-vous choisi parmi tant de matériau pour le spectacle ?
B.B. : On a beaucoup changé d’avis ! Que faut-il mettre en avant ? Comment construire un chemin pour le public ? Il y aura des chants monodiques — comme le Lai des Hellequines, un long débat sur l’amour, qui est presque un petit opéra — et quatre ou cinq motets. Nous avons retenu les pièces qui touchent au cœur du problème que Fauvel met en exergue : le mal dans la société. Fauvel, c’est l’incarnation de ce qui est faux, de la corruption, de tous les vices. Il nous montre un monde « retourné » où les hommes se conduisent comme des bêtes, ou la lune et le soleil échangent leur place, où l’on ne peut plus compter sur rien, où l’on court vers la destruction. Ce n’est pas très loin de notre monde actuel.
Pour l’aspect scénique, garderez-vous l’imagerie du manuscrit ?
B.B. : Je ne peux pas parler pour Peter, mais peut-être plus que les images, parfois stylisées — Fortune ou Fauvel, mi-homme mi-cheval (parfois le corps, parfois la tête) —, je sais qu’il a été très touché par l’utilisation des couleurs : l’argent, l’or, la lumière. Ce qui est sûr, c’est que ce ne sera pas une production « médiévale », ce ne sera pas Game of Thrones !
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun
Les 18, 22, 23, 25 et 26 mars à 20h, dimanche 20 mars à 15h. Tél. : 01 40 28 28 40.
Compositrice, pianiste et pédagogue, Hélène [...]
Raphaël Merlin dirige l'Orchestre Atelier [...]
Peter Sellars met en scène l’actualité de ce [...]