La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Road-trip aux confins de la mémoire

Road-trip aux confins de la mémoire - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre national de Chaillot
Marc Lainé Crédit photo : Alain Fonteray

Publié le 24 février 2015 - N° 230

Une femme lentement disparaît dans un épais brouillard de fumées toxiques… Suzanne W. quitte son existence. Les images du passé surgissent alors en un long flash back : sa traversée des terres amérindiennes vers le Grand Nord du Québec, sa quête désespérée d’un impossible amour… Dans Vanishing point (Les deux voyages de Suzanne W.), le metteur en scène Marc Lainé retrace son étrange périple en un road-trip rythmé par la musique live des Moriarty.

En 2010, vous avez amorcé un cycle de spectacles évoquant la culture populaire américaine. Pourquoi cet intérêt ?

Marc Lainé : Il est né de mon goût pour le cinéma indépendant, la contre-culture et la littérature postmoderne américaine, notamment les œuvres de Wallace et Pynchon. Ces écrivains entrelacent des références culturelles hétérogènes pour composer des récits complexes, qui usent de la métafiction et déroutent avec ironie la quête de sens. Adolescent, j’ai également baigné dans l’univers des comics. D’où le désir de traiter, avec les moyens artisanaux du théâtre, les thèmes et figures de la mythologie contemporaine américaine, habituellement véhiculés par le cinéma ou la télévision, pour en livrer une vision critique et poétique.

« Traiter, avec les moyens artisanaux du théâtre, les thèmes et figures de la mythologie contemporaine. »

Dans Vanishing point, vous abordez le genre du « road-trip ». Comment transposer un périple en voiture dans l’espace clos du plateau ?

M. L. : J’appréhende le road trip avant tout dans sa dimension symbolique, c’est-à-dire comme un voyage mental, une virée fantasmatique à travers des paysages imaginaires. Nous suivons le périple, réel et métaphysique, d’une femme, Suzanne W., qui a suivi un jeune homme jusqu’au Grand Nord du Québec et qui vague maintenant dans ses souvenirs. Au bout de son périple, elle rencontre sa propre mort. C’est une variation sur les voyages aux enfers d’Orphée ou de Dante. Sur scène, deux récits s’entremêlent, portés par deux voix. L’un se déploie par la parole, l’autre par les images, fabriquées en direct avec une technique de trucage cinématographique. L’enlacement des lignes narratives et des temporalités sème le trouble sur l’identité des personnages, sur les lisières entre le réel et la fiction.

Comment se déroule la collaboration avec les Moriarty, que vous aviez déjà invités sur le plateau dans Memories from the missing room, en 2012 ?

M. L. : Le genre du road-trip se caractérise souvent par un univers sonore très rock. J’ai demandé aux musiciens du groupe Moriarty d’écrire la bande originale du spectacle comme une seule ligne instrumentale, qu’ils interpréteront sur scène et qui constituera un élément essentiel de la narration.

Entretien réalisé par Gwénola David

A propos de l'événement

Vanishing Point
du samedi 28 mars 2015 au vendredi 17 avril 2015
Théâtre national de Chaillot
Place du Trocadéro-et-du-11-Novembre, 75016 Paris, France

Tél. : 01 53 65 30 00.

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