Œdipe, de Voltaire
Très peu mis en scène, après avoir [...]
Avignon / 2010 Propos recueillis / Jean-Louis Benoit
Jean-Louis Benoit est directeur de La Criée, le Théâtre National de Marseille. Il préconise une redéfinition des missions théâtrales de l’Etat et déplore le manque d’appétit culturel des élus.
« Les CDN datent de l’après-guerre : ils ne peuvent plus fonctionner comme dans les années 50. »
« Nous sommes dans une période de véritable régression culturelle et intellectuelle. Le politique ne s’intéresse absolument pas à la culture. Jamais on n’a vu si peu d’hommes politiques au théâtre. Ce n’est pas leur vivier de voix ! L’homme politique cultivé, le prince des arts à la François 1er, dont Mitterrand, Giscard et même Chirac possédaient des traits, n’existe plus. Fut un temps où l’homme politique sortait avec son poète ou son philosophe, maintenant, il sort avec son journaliste de télé… Quand on le voit au théâtre, c’est qu’il est obligé d’y être. Le constat de ce point de vue-là est désastreux. Néanmoins, sur la question du désengagement de l’Etat, il faut nuancer. Le transfert des compétences aux Régions et aux collectivités locales n’est pas plus mal. Le problème vient plutôt du fait que nos subventions n’augmentent pas alors que nos missions s’élargissent et que les coûts de production augmentent. Par ailleurs, le pouvoir d’achat du spectateur baisse. Au fond, pourquoi la culture se porterait-elle bien alors que tout le reste va mal ? Le théâtre a toujours travaillé dans l’incertain. Ses difficultés ne sont donc pas nouvelles. Cependant, il faudrait redéfinir les missions des maisons subventionnées. Les CDN datent de l’après-guerre : ils ne peuvent plus fonctionner comme dans les années 50. Il faut que les collectivités locales discutent avec les artistes afin de redéfinir des missions devenues souvent désuètes ou inadaptées. »
Propos recueillis par Catherine Robert