“ExCENTRIQUES” : la belle intuition du gyropode comme agrès de cirque, pas mal de fraîcheur, et un enrobage musical aux petits oignons, par Les Acrostiches
Les Acrostiches ont de la bouteille, mais ne [...]
Après les « Trois Mousquetaires – La Série », la metteuse en scène et comédienne Clara Hédouin propose une nouvelle épopée dramatique à l’air libre alternant la marche et le jeu. Adaptation du roman poème de Jean Giono à laquelle la création emprunte son titre, la pièce est pensée comme une traversée sensible de l’œuvre en milieu vivant.
Pourquoi avoir choisi ce texte ?
Clara Hédouin : À l’origine, il y a cette démarche fondamentale qui déjà portait la précédente création du collectif 49701 : fabriquer du théâtre dehors. Une sorte d’appel, de soif d’extérieur, d’élan intuitif sur le fond d’une interrogation : qu’est-ce que faire du théâtre dehors change à la pratique théâtrale ? Avec Les trois mousquetaires nous étions sur des lieux construits, aménagés. Avec Que ma joie demeure, nous sommes en pleine nature. Je voulais ramener le vivant, un dehors peuplé de présences humaines et non-humaines, des endroits sauvages, dans l’équation théâtrale. Le choix du texte de Giono s’est imposé comme souvent viennent à nous les textes susceptibles de servir une intention déjà présente. Je voulais traverser des friches, des prairies, des forêts, retrouver les dynamiques propres au sauvage. Comme si le théâtre pouvait être aussi l’occasion de traverser de nouveau les milieux qui nous font vivre, peut-être avec un autre regard, une autre attention.
Comment l’avez-vous adapté ?
C.-H : Romain de Becdelièvre et moi-même avons assez vite pensé à une forme de randonnée théâtrale, d’excursion, de voyage à travers différents moments du texte. Nous avons sélectionné une dizaine de séquences particulières, travaillé comme sur un montage. Pour nous approprier l’intensité particulière de cette histoire aux accents homériques imaginée par ce grand conteur, poète d’une terre, peintre de l’ambiguïté des sentiments liant une immense vitalité à une forme de grande lucidité proche du désespoir, il a fallu développer l’art de l’ellipse. Des 300 pages environ que compte le roman, nous avons fait dix tableaux suivant le rythme de la métamorphose qui touche ces paysans habitants d’un plateau déshérité de Haute-Provence. In fine, le spectacle est divisé en deux grandes parties : la première très épique, la seconde plus intime.
Que souhaitez-vous qu’il arrive au spectateur ?
C.-H : J’aime l’idée d’un voyage vécu par les spectateurs et les acteurs, dans tous les aspects émotionnels, spirituels et physiques que cela implique. Cette marche dans un territoire, en l’occurrence celui de la Barbentane, ponctuée par dix moments de théâtre, donne corps à l’épopée romanesque. Cette pérégrination de six à sept heures est une façon de fabriquer une expérience théâtrale épique. C’est aussi une expérience collective qui nous met tous à l’épreuve : celle de ne pas nous tenir seulement face à un public, face à une scène, face à un paysage – même si la pièce joue avec ce type de regard – mais d’être conduits à passer à l’intérieur. Et à réaliser que nous restons tissés au milieu vivant qui nous entoure, à réaliser que nous « en sommes ».
Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Tél : 04 90 27 66 50. Durée : 6h30 (pauses comprises). Navette incluse.
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