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Valérie Lesort met son univers visuel au service des cabarets théâtraux du dramaturge israélien Hanokh Levin. Avec Que d’espoir !, elle propose une comédie humaine aussi tendre que mordante.
Dans vos créations personnelles autant que dans celles que vous co-signez avec Christian Hecq, il est très rare que le texte soit moteur de création. Pourquoi Hanokh Levin fait-il ici exception ?
Valérie Lesort : Il est vrai qu’hormis certaines commandes qui nous sont faites à Christian et moi, comme Le Bourgeois gentilhomme par la Comédie-Française en 2021, nos pièces se fondent essentiellement sur un univers plastique. Ma rencontre avec l’écriture de Hanokh Levin m’a donné l’envie de me déplacer de mes habitudes de création, de partir de textes. Ses cabarets, qu’il a écrits tout au long de sa carrière, me touchent particulièrement par leur parfait équilibre entre efficacité et sensibilité.
Qui sont les protagonistes de ces cabarets d’Hanokh Levin, et de quelle façon souhaitez-vous leur donner consistance ?
V.L. : Comme tous les personnages de l’œuvre foisonnante d’Hanokh Levin, qu’il écrit de la fin des années 1960 à la fin des années 1990, ceux de ses cabarets sont traversés par toutes sortes de faiblesses humaines. Qu’ils soient fonctionnaires, gentilhommes, employés, femmes, hommes ou encore enfants, ils ont une exubérance qui se prête bien au transformisme, art pour lequel j’éprouve autant d’admiration que de tendresse. Je fréquente par exemple depuis des années le Cabaret Madame Arthur, dont je trouve toutes les créatures extrêmement touchantes. Il a alors été évident pour moi de faire appel à Charly Voodoo, célèbre créature travestie de ce Cabaret. Hugo Bardin, plus connu sous le nom de scène de Paloma, est aussi de la distribution aux côtés de comédiens de théâtre – Cécile Milliat-Baumgartner, en alternance avec moi et David Migeot.
À quels types de transformations assistera-t-on durant votre spectacle ?
V.L. : La plupart du temps, nous nous transformons à vue devant le spectateur, selon le principe du jeu de Monsieur Patate. Carole Allemand a conçu des costumes et des prothèses qui font de nous des créatures volontairement laides, aux antipodes des êtres de lumière et de séduction qui peuplent d’habitude les cabarets. Dans Que d’espoir !, c’est l’esthétique de l’hyper-moche qui règne, avec lequel nous jouons avec bonheur.
Que dit selon vous de l’humain ce cabaret d’un genre spécial ?
V.L. : En poussant au maximum les curseurs du défaut humain, Hanokh Levin et donc nous à sa suite donnons à voir notre misérable condition. Nous tendons un miroir à nos angoisses existentielles et notre course effrénée à un bonheur chimérique, mais pas de façon cruelle ni désespérée. Il y a beaucoup de douceur chez cet auteur, grâce à laquelle ses personnages ne sont jamais tout à fait horribles. Bien sûr nous sommes malgré tout proches du monstre, qui est une constante de mon travail et de celui de Christian Hecq, mais il y a aussi de la beauté en chaque être.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 16h. Tel : 01 46 06 49 24. Durée : 1h10.
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