Quatuor à cordes de São Paulo met en exergue le répertoire classique brésilien

C’est dans le cadre de la saison culturelle qui trace un trait d’union entre le Brésil et la France que le Quatuor à cordes du Théâtre municipal de São Paulo (vénérable institution devenue désormais Quatuor à cordes de la ville de São Paulo, tout simplement) se produit enfin à Paris. Baptisé Quatuor Haydn à ses débuts, cet ensemble fut créé en 1935 à l’initiative de Mário de Andrade, l’une des figures les plus éminentes de l’avant-garde brésilienne qui sera des décennies plus tard l’une des sources d’inspirations du mouvement des tropicalistes. En attendant, ce fin mélomane, prodigieux pianiste à ses heures et chercheur en matière de folklore, posa les fondations d’une esthétique musicale qui visait à rompre avec les catégories qui figent la pensée. C’est ainsi qu’à la tête du département culturel de Sao Paulo il permit l’édification d’une vaste discothèque de référence et posa les premières pierres d’une musique dite du futur, profondément ancrée dans une forme de saudade.

Une esthétique post-moderne

Quatre-vingt-dix ans plus tard, l’ambition première de cette formule – promouvoir la musique de chambre brésilienne, sans renoncer, bien au contraire, aux pièces étrangères – demeure le cœur vibrant du sujet, comme le démontre le répertoire annoncé pour cette après-midi où le quatuor sera accompagné de la pianiste Linda Bustani :  Quatuor n° 5 d’Heitor Villa-Lobos, Cantiga, Baião et Frevo d’Hercules Gomes et Quatuor à cordes op.10 de Claude Debussy. Entre les lignes, il est toujours question d’une esthétique qui transcende les partitions bien établies entre musique savante et art populaire, laissant entrevoir d’autres horizons, ouverts à d’autres possibles qui ne manquent de faire écho aux sillons fertiles des champs musicaux actuels.

Jacques Denis