La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Quand même

<p>Quand même</p> - Critique sortie Théâtre
Photo :Richard Dumas (légende photo) Elle a remporté cette année la Victoire de l’album de musique du monde.

Publié le 10 mars 2007 - N° 146

Né d’un projet qu?on devine autant fait d’amitié que de passions communes, le
texte de Danièle Sallenave offre à Marie-Catherine Conti l’occasion d’une belle
déclaration d’amour au théâtre.

Issu d’une série de conversations qui en ont constitué le matériau premier,
le texte de Danièle Sallenave est évidemment taillé sur mesure pour la
comédienne qui l’incarne puisque sa mémoire en dicte la trame. Mais en même
temps, et parce qu’il porte autant la marque de l’actrice que celle de
l’écrivain qui y dépose sa propre nécessité du théâtre, il dépasse la simple
biographie jusqu’à devenir une défense et illustration de cet art que
nourrissent habilement les différents points de vue sur lui, celui du praticien
comme celui du spectateur. Ainsi, à l’image du décor de tube rouge semblable à
un immense anneau de Möbius, Marie-Catherine Conti est tour à tour dans le
théâtre et hors de lui : saisie dans le jeu et soudain dans l’extériorité d’une
position théorique, critique ou politique, prise dans son histoire personnelle
et dégagée dans l’évocation de celle de la scène, à la fois dans son enfance et
dans l’ici et maintenant de ses engagements continués.

« Ce qui est beau au théâtre, c’est la solitude partagée avec d’autres. »

Avec décence et simplicité, têtue et touchante, exaltée et lucide, émouvante
et drôle, la comédienne livre les bribes d’une mythologie personnelle où le père
fait figure de gardien tutélaire et de protecteur bienveillant, raconte les
planches et le cinéma, ses rencontres, et les mêle à une réflexion sur le
caractère libérateur, épanouissant et éblouissant du théâtre qui renvoie chaque
spectateur à ses propres souvenirs, réussissant ainsi le pari d’une ?uvre
commune avec la salle. Elle devient alors une sorte de coryphée du public, qui
partage avec elle et par elle la fièvre de cet art exceptionnel qui arrache le
temps au temps, se rit des aléas de l’existence et nourrit davantage la vie
qu’il ne s’en nourrit. Fustigeant les amateurs de solutions faciles qui croient
ce métier une sinécure et ne comprennent pas que le théâtre, comme l’amour et
toute forme entretenue du désir, est « sorcier », Marie-Catherine Conti
prouve par les faits l’imputrescibilité de la scène et la nécessité du combat de
ceux qui l’arpentent, fanaux d’un sens et d’un bonheur à dire et entendre la
beauté des choses que la modernité spectaculaire lamine tous les jours un peu
plus.

Catherine Robert

Quand même, de Danièle Sallenave ; spectacle conçu et interprété par
Marie-Catherine Conti. Du 21 février au 14 avril 2007. Du mardi au samedi à 21h.
Théâtre du Lucernaire, 53, rue Notre Dame des Champs, 75006 Paris. Réservations
au 01 45 44 57 34.

A propos de l'événement


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