Balestra de Marie Molliens : un spectacle qui privilégie le groupe au détriment de l’individu.
Directrice de la compagnie Rasposo, Marie [...]
Souad Labbize, poétesse et romancière, laisse ses textes entre les mains d’Isabelle Fruleux pour porter ses écrits au plateau, accompagnée de la musicienne Kamilya Jubran. Dans un récit cruel et poignant, elles livrent l’histoire d’une jeune fille opprimée, abusée, figure universelle des femmes dans l’espace public.
Un plateau orangé enveloppe la salle du vent chaud de l’Afrique du Nord. Kamilya Jubran, installée au centre devant son oud, pince les cordes de l’instrument pour en dévoiler le son irrégulier. Lorsque Isabelle Fruleux commence à conter, les deux femmes sont alors une seule et même voix. La petite fille au cœur des écrits de la poétesse prend forme dans une sombre narration, retraçant la place des femmes dans l’espace public, celui principalement de Tunisie et d’Algérie, mais aussi celui d’ailleurs. Femme ? C’est d’abord d’une enfant dont on parle, une enfant qui – à son grand désarroi – prend les formes d’une adulte, l’obligeant à se replier tel un escargot pour cacher sa poitrine, et se voyant imposer le port du soutien-gorge, « douleur de la rupture de l’insouciance ». De l’histoire contée aux vers chantés doublés en arabe par la musicienne, le public est bercé.
Derrière les mots, l’acte violent
Isabelle Fruleux ne laisse pas ses spectateurs au repos bien longtemps, transperçant la salle d’un regard d’acier en évoquant l’acte qui élimine le mot “violet” du vocabulaire de la jeune fille, qui utilisera désormais “pourpre” et “mauve”. Entre sanglot et incompréhension, elle gardera pour elle l’évènement du viol, honteuse d’être sortie au mauvais moment, et d’avoir enfreint les règles universelles des filles dans la rue dictées par sa mère : marcher vite et baisser les yeux. C’est de cela que la metteuse en scène s’indigne : la « virilité de la rue » abuse les filles et les femmes rendues coupables des crimes masculins. À travers l’influence de la religion et des héritages, des migrations et des témoignages, Isabelle Fruleux et Kamilya Jubran livrent un récit poignant, celui, finalement, des femmes du monde entier.
Louise Chevillard
le vendredi et samedi à 20h, et le dimanche 22 janvier à 16h. Durée : 1h. Tél : 01 46 70 21 55.
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