Noir et humide de Jon Fosse mis en scène par Frédéric Garbe

« Lene est assise sur le canapé dans le séjour au premier étage, et elle pense qu’aujourd’hui elle aurait bien voulu descendre toute seule à la cave, nous dit Jon Fosse dans Noir et Humide, conte initiatique écrit à la troisième personne à travers lequel on suit, instant après instant, les pensées d’une petite fille décidée à braver ses peurs. Bien sûr elle est souvent allée à la cave, avec sa mère ou son père ou son frère Asle, poursuit le grand auteur norvégien, mais jamais elle n’est descendue à la cave toute seule, ça elle n’a jamais osé, car à la cave il fait noir et humide… » Dans le spectacle conçu par Frédéric Garbe, c’est Camille Carraz qui nous raconte cette plongée immersive dans le monde de l’enfance. Elle est accompagnée sur scène par la vidéaste-plasticienne Pauline Léonet et le compositeur Vincent Hours.

Une épopée entre réel et onirisme

La musique, essentiellement analogique, est faite de nappes de synthétiseurs et de rythmes électroniques. Des animations en noir et blanc, projetées dans l’espace de jeu, représentent les objets quotidiens qui jalonnent l’odyssée de Lene. Des sculptures en papiers (de Pauline Léonet), fragiles échos des images dessinées (de Julien Chiclet), apparaissent avant de se dérober à nos yeux. A travers toutes sortes d’images et de saisissements poétiques, la mise en scène de Noir et humide que propose L’AUTRE COMPAGNIE nous immerge dans les mystères de l’inconnu et de l’interdit. Elle fait naître un « voyage sensoriel et délicat [qui nous invite] à laisser résonner nos propres souvenirs d’enfance », une épopée entre réel et onirisme qui nous mène vers l’inconnu et l’interdit : « au plus près des émotions, des peurs et des désirs ».

Manuel Piolat Soleymat