Reprise du rare Auf dem Gebirge hat man ein Geschrei gehört de Pina Bausch
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Danse - Entretien / Katerina Andreou
Inspirée par les écrits de Mark Fisher, Katerina Andreou crée Mourn Baby Mourn, une performance en solo dans laquelle elle interroge ses « futurs perdus ». Rencontre.
Quelles ont été vos sources d’inspiration pour cette nouvelle pièce ?
Katerina Andreou : J’ai lu les écrits du critique culturel Mark Fisher qui a popularisé l’usage du concept d’hantologie de Jacques Derrida pour décrire comment la culture contemporaine est hantée par les « futurs perdus » de la modernité́. Sa réflexion m’a éclairée sur un état émotionnel peu positif, fait de frustration peut-être, que j’étais en train de traverser. J’ai voulu faire une pièce pour transformer cet état en un élan de créativité.
Mourn Baby Mourn évoque le deuil. De quel deuil s’agit-il ?
K.A. : C’est une pièce assez personnelle, intime, dans le sens où je parle de mon point de vue, de mon rapport à l’actualité. J’y utilise d’ailleurs le texte, les mots, pour la première fois. Il s’agit du deuil d’un futur collectif, politique, que j’imaginais possible. Mon entourage m’invite très souvent à faire le deuil de cet espoir et je me rends compte en effet qu’il sera difficile à réaliser. Mais même si le titre sonne comme une invitation à faire ce deuil, il ne s’agit pas pour moi d’un positionnement, je me demande encore s’il faut le faire ou non.
Vous retrouvez avec cette pièce la performance en solo.
K.A. : Oui, je suis seule en scène avec des parpaings. Au départ je voulais être accompagnée d’une statue mais j’ai finalement préféré travailler avec cette matière abstraite, assez brute, qui avec son poids me ramène dans le présent. Le béton évoque pour moi Athènes, parce qu’il y est omniprésent comme la pierre l’est en France ou la brique en Belgique. On voit très souvent en Grèce des bâtiments inachevés, dont les parpaings sont à nu. Ils me touchent car ils sont pour moi le reflet d’un élan qui n’a pas abouti, pas par manque de volonté mais de moyens. C’est une image assez forte de ces « futurs perdus ».
Propos recueillis par Delphine Baffour
Tél. 01 41 83 98 98. Les 13 et 14 juin à 21h. Durée : 1h. Dans le cadre de Camping et des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis.
Également du 1 au 3 juin aux Subs, Lyon.
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