FACÉTIES de Christian et François Ben Aïm
Avec FACÉTIES, Christian et François Ben Aïm [...]
A Bonlieu, Christian Rizzo invoque la saudade, cette mélancolie heureuse qui nous fait tendre vers l’absent, en mettant en scène six danseurs qui ondulent dans un flux et reflux subtil.
Quel était le point de départ de cette pièce ?
Christian Rizzo : Je vis près de la Méditerranée, j’ai cette nécessité d’aller regarder la mer. Finalement, je me suis rendu compte que je ne regardais pas vraiment la mer, mais par-delà l’horizon et que je plongeais à la fois en moi et vers l’invisible. Je sentais que je me projetais vers quelque chose. Ce mouvement m’intéressait, il mettait en évidence ce flux entre moi et cet invisible.
Qu’évoque le titre Miramar ?
C.R. : J’aime bien une plage en particulier à Biarritz, qui s’appelle Miramar, où l’on peut observer l’Océan, les vagues qui frappent les rochers. A Cannes où j’ai grandi il y a un hôtel du même nom ainsi qu’une HLM non pas sur la plage mais sur un embranchement d’autoroute. Tout cela m’a rappelé une promesse de projection, qui n’aura pas lieu, comme une saudade.
Pouvez-vous expliquer ce qu’est la saudade ?
C.R. : C’est un mot portugais, qui fait notamment référence aux femmes de marins-pêcheurs qui attendaient leur retour. Il évoque la mélancolie, une lamentation douce, qui est adressée à un absent, un invisible. J’avais en tête cette posture soit d’observation, de contemplation ou d’abandon que l’on peut adopter devant l’horizon, comme dans la peinture romantique, où l’on voit ces personnages plongés vers l’horizon.
Comment avez-vous invoqué ces imaginaires chez les interprètes ?
C.R. : Même si la composition est plutôt abstraite, on travaille avec des modalités de récit et on incorpore des images, des histoires, des choses que l’on raconte… Mais le travail se traduit aussi par beaucoup de temps passé ensemble à tenter de comprendre quelle énergie nous traverse, comme une enquête que nous menons ensemble.
Qu’avez-vous convoqué pour mettre en scène cette sensation ?
C.R. : Je travaille avec trois données, la danse, mais aussi la lumière et le son, qui sont chacune des enjeux de mouvement. Ce sont trois partitions autonomes qui se combinent. Je donne à voir quelles sont leurs relations, non pas dans un dialogue prédéterminé, mais plutôt comment elles peuvent apparaître d’elle-mêmes.
Propos recueillis par Belinda Mathieu
Les 13 à 19h et le 14 janvier à 20h30. Tél : 04 50 33 44 11.
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