Melingo ressort de terre le tango des bas-fonds

«La modernité se trouve dans les origines.» Cette sentence que Melingo livrait lors de la sortie de Maldito Tango trouve encore tout son sens avec l’ultime chapitre d’une trilogie entamée en 2014 autour de la figure de Linyera, céleste clochard. Le nomade portègne plonge du côté de la Grèce en mode oriental où se trouve une partie de ses racines familiales, faisant rimer l’interlope rebetiko avec ce satané tango. Bien mieux qu’un collage, ce disciple du génial Diogène produit un détonant télescopage entre ces deux bandes-son des underground portuaires – Buenos Aires et Thessalonique –, rappelant entre les lignes qu’il a conservé l’esprit punk de ses vertes années. Ce trait de caractère, du genre singulier, fait du chantre d’un tango débridé tout sauf un gardien de musée. Bien au contraire, dans cette musique désormais séculaire, l’homme au chapeau noir perçoit une forme d’ultimate mix, comme un écho à la fameuse sono mondiale.

Jacques Denis