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Après le spectacle Oreste à Mossoul en 2019 [...]
En réécrivant le mythe de Méduse dans un univers plastique et audiovisuel, le collectif La Gang questionne l’héritage patriarcal et les racines de la culture du viol.
« Nous nous connaissons depuis longtemps mais Méduse.s est notre premier spectacle collectif. Au départ, nous voulions interroger les rapports entre corps et pouvoir. Nous avons alors retrouvé le mythe de Méduse, transformée en monstre par Athéna parce qu’elle a été violée par Poséidon. Le mythe est toujours raconté du point de vue du héros Persée, qui la décapite : il est ici réécrit du point de vue de Méduse pour le faire résonner aujourd’hui, avec, en écho, des témoignages de personnes ayant vécu des violences sexuelles. Nous avions le désir d’un spectacle très visuel, fondé sur une recherche plastique, en utilisant des parties de notre corps. Nos mains forment des serpents, le creux d’un coude devient des fesses à l’image, sans que nous ayons à montrer les nôtres. Les spectateurs voient à la fois l’image créée et l’image en train de se créer, filmée au plateau avec un smartphone et projetée en direct. La création sonore de Loïc Le Foll se joue aussi en direct ; elle constitue une alliée, incarnée par la présence permanente du musicien en scène.
Méduse raconte son histoire comme un grand flash-back : son enfance, son adolescence, sa métamorphose, son exil. Entre chaque tableau, les témoignages récoltés résonnent en voix off. Il s’agit de redonner la parole à ce personnage et de donner une autre issue à son histoire. Nous voulons raconter la manière dont Méduse peut prendre en main son destin. Son chemin de résilience est possible parce qu’elle peut raconter, mais aussi parce qu’elle croise des adjuvantes sur sa route : les Grées, ses demi-sœurs plus âgées, les nymphes, transformées ici en écoféministes. Nous reprenons les personnages du mythe en leur donnant un aspect plus contemporain. Que faire de l’héritage patriarcal ? Pouvons-nous changer notre regard sur le mythe et sur la culture du viol ? Comment se défaire des injonctions à la féminité et à la virilité ? Voilà les questions que nous posons et les thématiques qui nous tiennent à cœur. »
Propos recueillis par Catherine Robert
à 15h. Relâche les 12 et 19 juillet. Tél. : 04 90 14 07 99. Durée : 1h10.
Après le spectacle Oreste à Mossoul en 2019 [...]