Orphée et Eurydice
À l’Opéra Comique, Orphée pleure une deuxième [...]
Trois concerts exceptionnels sont à l’affiche de la Fondation Vuitton, orchestrés par le grand pianiste milanais qui invite en particulier le Quatuor Hagen, la violoniste Caroline Widmann et le compositeur Salvatore Sciarrino.
On a gardé le souvenir des mini-festivals que Gérard Mortier avait confiés à Maurizio Pollini dans le cadre prestigieux du Festival de Salzbourg. Prestigieux mais compassé depuis que l’institution était aux mains d’imprésarios et de maisons de disques jet set dont l’horizon était borné par Bach d’un côté et Orff de l’autre. Les équipes de Mortier ouvraient grand les fenêtres. Maurizio Pollini et ses amis investirent le très académique Mozarteum, sa jolie salle blanche attenante à l’école dont elle porte le nom. Le public était jeune et décontracté : le pianiste bousculait les codes scolastiques et mondains du lieu d’une façon qui aurait plu à Mozart, lui qui a tant souffert de cette ville qui depuis lors se goinfre sur son dos. Dans la seconde moitié des années 1990, on a admiré ces assemblages savants et ludiques, cette orgie d’œuvres qui toutes en leur temps avaient été des chocs esthétiques, des propos révolutionnaires en même temps que de purs moments de magie poétique.
Une fête des sens
Car loin de se limiter à la musique du XXe siècle, notre pianiste-programmateur avait su, comme Pierre Boulez au Domaine musical, assembler les époques, les styles, les formations, les instruments et la voix, pour une fête des sens qui restera dans les annales. Et a fait école. Car voici que vingt ans plus tard, Maurizio Pollini recommence à la Fondation Louis-Vuitton avec quelques amis dont le Quatuor Hagen… de Salzbourg ! Sa petite salle blanche elle aussi, d’acoustique heureuse, posée en bordure du bois de Boulogne, accolée à un musée qui n’a rien de compassé, s’est déjà installée dans l’univers parisien comme le lieu des découvertes inattendues ou des consécrations sans empois. Voici donc trois soirées attendues, les 16, 19 et 21 novembre, avec la reprise du célèbre – et jamais donné ! – « Soferte onde serene » pour piano et bande magnétique de Luigi Nono, le 14e Quatuor de Beethoven, quatre pièces de Salvatore Sciarrino, dont une création mondiale, des pièces pour piano solo de Schoenberg ou encore le Quintette avec piano de Brahms et le Quintette à cordes de Schubert
Alain Lompech
Les 16, 19 et 21 novembre à 20h30. Tél. : 01 40 69 96 00.
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