Guillaume Tell – Le Soulèvement
La compagnie nordiste BVZK, dirigée par la [...]
Créée au Théâtre de Carouge en janvier dernier, la mise en scène du Malade imaginaire signée par Jean Liermier est reprise au Théâtre 71. Un spectacle à la force comique réjouissante, au centre duquel le comédien Gilles Privat fait merveille.
A la direction du Théâtre de Carouge (commune limitrophe de Genève) depuis juillet 2008, Jean Liermier se consacre principalement aux grandes œuvres du répertoire, qu’il revisite en cherchant à les rendre accessible à tous, à les faire vibrer aujourd’hui, à leur redonner vie. Kleist (Penthésilée), Musset (On ne badine pas avec l’amour, Les Caprices de Marianne), Marivaux (La Double Inconstance, Les Sincères, Le Jeu de l’amour et du hasard), Molière (Le Médecin malgré lui, L’Ecole des femmes)… C’est à ce dernier auteur qu’est revenu le metteur en scène en début d’année, avec une version inspirée du Malade imaginaire qui ouvre la saison 2014/2015 de la Scène nationale de Malakoff. Vivante, vibrante, cette proposition l’est profondément, tout comme elle se révèle tendre, lumineuse et facétieuse. En confiant le rôle-titre de ce spectacle à Gilles Privat, Jean Liermier avait certainement l’idée d’une représentation emportée par la force comique et la nature singulière du comédien.
Un grand enfant tendre, obsessionnel et tyrannique
Dans l’habit d’Argan – père de famille laissant son hypocondrie envahir et contraindre, non seulement sa propre existence, mais aussi celle de sa famille et de son entourage – les airs débonnaires et mélancoliques de Gilles Privat font merveille. A mille lieues d’une vision purement acrimonieuse ou grotesque du rôle, l’acteur compose un personnage de grand enfant paradoxal : à la fois naïf et tyrannique, faible et obsessionnel, sensible et cruel. Un personnage qui emplit la pièce de Molière d’une humanité débordante. Au sein de la scénographie monumentale imaginée par Catherine Rankl et le regretté Jean-Marc Stehlé (ce fut l’une de ses toutes dernières créations), chaque membre de la distribution apporte sa pierre à l’édifice de cette belle réussite : Madeleine Assas, Pierre-Antoine Dubey, Philippe Gouin, Christine Vouilloz, Dominique Catton, Jacques Michel et Marie Ruchat. Incarnant les diverses facettes d’un monde renvoyant à de multiples époques, ils font de ce Malade imaginaire une fable éminemment moderne. Une fable qui dépasse les bornes du temporel pour construire un grand spectacle populaire à l’acuité universelle.
Manuel Piolat Soleymat
Les mardis et vendredis à 20h30 ; les mercredis, jeudis et samedis à 19h30, les dimanches à 16h. Durée de la représentation : 1h55. Tél. : 01 55 48 91 00. www.theatre71.com. Spectacle vu au Théâtre Kléber-Méleau, à Renens (Suisse). Egalement du 3 au 5 novembre 2014 au Théâtre d’Antibes, le 10 novembre au Stadttheater de Schaffhousen en Suisse, du 25 au 28 novembre au Théâtre d’Angoulême.
La compagnie nordiste BVZK, dirigée par la [...]