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Après Minetti, portrait de l’artiste en vieil homme en 2009, le metteur en scène Gerold Schumann, directeur artistique de la Compagnie Le Théâtre de la vallée, s’empare une nouvelle fois de l’écriture de Thomas Bernhard. Il signe une adaptation théâtrale du roman Maîtres anciens – comédie, monologue interprété aux Déchargeurs par le comédien François Clavier.
Qu’est-ce qui vous a décidé à porter Maîtres anciens- comédie à la scène ?
Gerold Schumann : Tout de suite après avoir mis en scène Minetti, je me suis intéressé à ce roman qui a obtenu le Prix Médicis étranger en 1988 (ndlr, quelques mois avant la mort de Thomas Bernhard, disparu en février 1989). C’est vraiment un texte que je trouve fascinant. Je crois que ce qui me plaît avant tout chez Thomas Bernhard, c’est son rapport à la langue. C’est un artiste qui cisèle les mots. Les répétitions dont il fait très souvent usage expriment des choses extrêmement profondes, surtout lorsque cette matière est prise en charge par des comédiens capables de transmettre toute la singularité de cette écriture.
Qui est le personnage au centre de ce texte ?
G.S.: C’est un vieux critique musical qui se prénomme Reger. Tous les deux jours, il se rend au Musée d’art ancien de Vienne et s’assoit face à un tableau du Tintoret : L’Homme à la barbe blanche. Maîtres anciens- comédie est bien sûr une réflexion sur la vieillesse, mais peut-être avant cela une mise en perspective de ce qu’est l’art. Reger a la particularité de scruter les chefs-d’œuvre pour tenter de débusquer leurs imperfections. Le regard qu’il porte sur ces tableaux rapproche les êtres humains que nous sommes d’un art que l’on peut parfois percevoir comme lointain, comme inaccessible. Or Reger nous dit que ce n’est pas le cas. Il nous prouve que tout est toujours quotidien.
Tout en se plaignant de ce qui l’entoure…
G.S.: Oui, bien sûr, comme toujours chez Thomas Bernhard. Il se plaint des politiciens corrompus, des toilettes viennoises qui sont dans un état épouvantable… Il est contre tout : contre le monde, contre l’Etat, contre la société, contre l’éducation…
Pour quelles raisons avez-vous choisi François Clavier pour incarner Reger ?
G.S.: Bien sûr, François Clavier est un grand comédien. Mais c’est aussi, comme moi, un passionné de l’œuvre de Thomas Bernhard. Je l’ai vu à plusieurs reprises éclater de rire en lisant Maîtres anciens. Le fait qu’il soit ainsi sensible à l’humour si particulier de cet auteur est une chose très importante. Il arrive parfaitement à reproduire la drôlerie et la densité de cette écriture.
Parallèlement à Maîtres anciens – comédie, vous présentez une lecture, par Serge Maggiani, de récits autobiographiques de Thomas Bernhard…
G.S.: Oui, les samedis 8, 15 et 22 janvier à 17h. Serge Maggiani lira aux Déchargeurs des extraits de L’Origine, La Cave, Le Souffle, Le Froid, Un Enfant, des textes sur la jeunesse de Thomas Bernhard et sur son cheminement vers l’écriture.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Du mercredi au samedi à 19h. Tél. : 01 42 36 00 50. www.lesdechargeurs.fr
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