Le théâtre comme miroir et exemple par Pierrette Dupoyet
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Grâce à une scénographie minimaliste et ingénieuse, une danse fascinante et des interprètes impeccables, le belge Jan Martens apprivoise la Cour d’honneur avec brio.
Un banc de bois gigantesque traverse le plateau de jardin à cour. Peu à peu, les quinze danseurs du Ballet de Flandre et deux très jeunes filles s’y installent. Après l’entrée de Goska Isphording, magnifique claveciniste, ils se mettent un à un à bouger, soulignant les motifs musicaux dans un ordre qui semble aléatoire. Leurs mouvements bien qu’évoquant les danses urbaines sont fluides. S’entame alors une conversation de gestes qui commence à dessiner la personnalité de chacun et qui, leurs regards plongés dans les nôtres, sonne comme une adresse. Puis une danse minimaliste et euphorisante, telle une murmuration, emplit la cour d’honneur. Marches, courses, tornades de déboulés ou sauts de chat flirtant avec le ciel, tous différents et tous semblables, les quinze remarquables interprètes dessinent d’éblouissantes géométries. Nous entendons le clavecin de différentes manières selon que notre regard se pose sur tel ou tel.
Après l’euphorie la torpeur
Après pareille orgie de liberté le temps se gâte. Une petite caméra posée sur le plateau démultiplie l’image d’un danseur qui ondule en nous regardant. Il est rejoint par une de ses consœurs puis d’autres encore, et leurs énormes reflets inondent les parois du Palais des papes. Leur attitude oscillant entre curiosité et provocation oppresse alors qu’ils semblent fondre sur nous. Mais l’image disparait et nous voilà sauvés par une pluie de grands pliés qui, fuyant un premier unisson, se décalent et vrillent. Puis, malgré un bain rafraichissant, la torpeur envahit la scène. Sous un ciel assombri les corps éparpillés se figent, ne gardent vie qu’avec une infinie lenteur. Avec cette pièce, Jan Martens entend nous interroger sur notre capacité à changer, à nous mettre en mouvement, face aux défis que pose le monde, en particulier écologiques. Son FUTUR PROCHE, à l’image du réel, n’est pas serein. Mais sa façon de le dessiner impressionne et emballe !
Delphine Baffour
à 21h30. Relâche le 22. Tél. 04 90 14 14 14. Durée : 1h30.
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