Éric Ruf déploie le grand jeu en montant une pièce importante dans l’histoire de la Maison : « Le Soulier de satin » de Paul Claudel.
Pour son dernier spectacle en tant [...]
Le spectacle d’entrée dans la vie professionnelle du Groupe 47 de l’Ecole du Théâtre national de Strasbourg de Sylvain Creuzevault continue sa tournée. A partir de travaux d’improvisation, cette proposition protéiforme de 5h45 expose des fragments du roman-fleuve de Peter Weiss sans faire émerger les grandes évidences d’un théâtre nécessaire.
Cette traversée de L’Esthétique de la résistance dure de longues heures. Elle se compose de trois parties, qui suivent les trois tomes du roman de Peter Weiss (publié aux Editions Klincksieck), écrivain juif allemand né en 1916, près de Berlin, et disparu en 1982, en Suède, pays où il se réfugia en 1939 après avoir fui l’Allemagne nazie avec sa famille. La représentation élaborée par Sylvain Creuzevault avec les treize actrices et acteurs du Groupe 47 de l’Ecole du Théâtre national de Strasbourg, ainsi que quatre interprètes de la Compagnie Le Singe (structure fondée par le metteur en scène en 2012), passe par l’exploration de nombreux styles de jeu et diverses formes de théâtre. Elle fait feu de tout bois pour célébrer un art du collage et de la juxtaposition qui — de façon à la fois imprécise et trop démonstrative — veut rendre compte de réflexions sur l’art comme outil de résistance et d’appréhension du monde, sur le pouvoir émancipateur de la parole et de l’écriture, sur la difficulté (hier comme aujourd’hui) de s’unir contre la montée des mouvements d’extrême droite… Un jeune Allemand âgé de 20 ans fait office de narrateur. Ce personnage nous guide dans ce retour au XXème siècle qui couvre une période allant de 1937 à 1945.
S’unir contre l’extrême droite
L’escapade artistique et politique à laquelle nous convie Sylvain Creuzevault n’a pas les moyens de ses ambitions. Il faudrait bien plus de force et d’âme à ce spectacle, plus d’authenticité et d’originalité pour nous embarquer dans le voyage au long cours qu’il constitue. Cette adaptation théâtrale de L’Esthétique de la résistance cherche davantage à s’afficher qu’elle ne révèle l’oeuvre de Peter Weiss. Bien sûr, les généreux élans de la jeunesse sont là, avec la fraîcheur et le courage qui l’accompagnent. On s’accroche à cette belle énergie de groupe. Elle n’empêche pas l’ennui d’arriver. On se laisse pourtant saisir par l’évocation spectrale d’écrivaines ayant mis fin à leurs jours. Sylvia Plath. Sarah Kane. Virginia Woolf. Marina Tsvetaïeva. Karin Boye… On se met à songer, aussi, à des œuvres d’art décrites, commentées, étudiées dans le roman. Guernica, Le Massacre des innocents, Le Triomphe de la mort, Le Grand Autel de Pergame… Mais ces échappées commencent et puis finissent. On passe d’une chose à l’autre avec une impression de confusion. Une impression de recherche infructueuse qui dilue et écrase un propos.
Manuel Piolat Soleymat
A 19h dans la grande salle.
du mardi au samedi de 12h30 à 19h
+33 (0)4 50 33 44 11
billetterie@bonlieu-annecy.com
Vu au Théâtre de l'Odéon en 2023
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