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Avignon / 2016 - Entretien / Lisa Wurmser
Mêlant musique, jeu de comédiens, projections et marionnettes, Lisa Wurmser crée Les Vitalabri de Jean-Claude Grumberg. Une fable corrosive et mélancolique sur les thèmes de l’errance, du rejet, de la liberté…
Qui sont les Vitalabri, les personnages au centre de la pièce de Jean-Claude Grumberg ?
Lisa Wurmser : Ce sont des êtres qui n’ont ni patrie ni pays. On pourrait croire qu’ils sont chez eux partout mais, en fait, ils sont nulle part les bienvenus. Sans abri, sans papiers, les Vitalabri poursuivent leur voyage. Avec comme seuls biens leur musique et leur liberté.
A travers quel univers ce texte relate-t-il l’existence et la condition de ces apatrides ?
L. W. : Cette œuvre est comme un petit théâtre ambulant dont l’histoire pourrait être tirée d’un conte populaire. Les différents personnages que rencontrent les Vitalabri à travers leur errance – incarnés à la fois par des acteurs et leur double en marionnette – sont des figures musicales : ils vont du grave à l’aigu, du basson au violon…
Quelle mise en scène avez-vous conçue pour donner corps à ce théâtre ?
L. W. : J’ai imaginé une fable musicale, drôle et mélancolique. Une fable universelle qui s’inspire du monde de l’enfance, avec ses trappes et ses apparitions magiques.
Les Vitalabri s’adresse spécialement aux adolescents de 11 à 15 ans. Que souhaitez-vous transmettre à ces jeunes spectateurs ?
L. W. : Aujourd’hui, des milliers de personnes fuient leur pays : c’est l’exode le plus important depuis la Seconde guerre mondiale. Il faut répondre aux barbaries par nos coutumes civilisées : l’éducation des enfants, l’égalité, la langue, la mémoire… Je veux combattre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie par une méthode active : le théâtre. Les Vitalabri parle aux jeunes, avec humour, de l’apprentissage, de la différence, de la curiosité de l’autre. Et de comment se dessine l’imaginaire de l’étranger.
Diriez-vous que votre spectacle se situe, à parts égales, dans les champs du poétique et du politique ?
L. W. : Exactement. Jean-Claude Grumberg, avec son humour à la fois tendre et corrosif, mène une réflexion sur l’exil, la famille, la liberté, sur le rejet d’un peuple mal aimé. On peut aussi voir, dans cette pièce, le rôle que joue l’artiste dans la société d’aujourd’hui. Ainsi que les menaces qui pèsent sur la liberté d’expression.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Chapelle des Templiers
à 11h. Relâche le 19 juillet. Tél. : 04 32 76 02 79.
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