D comme Deleuze
Si Gilles Deleuze s’est davantage intéressé à [...]
Simon Stone nous a enchantés cet été à Avignon avec un Ibsen Huis magistral. Ce trublion du théâtre revient en France pour mettre en scène un classique qu’il revisite encore à sa manière.
Après avoir proposé Les Trois Sœurs en langue des signes par le metteur en scène Kouliabine, l’Odéon invite cette fois Simon Stone, artiste associé, à livrer sa vision de la pièce de Tchekhov. On sait d’avance qu’elle sera à mille lieues d’une interprétation ordinaire ou compassée. Le théâtre du jeune Australien, c’est de la chair, c’est de la vie, c’est une déconstruction des classiques pour arriver, par on ne sait quel miracle, à atteindre l’essence d’un auteur. Simon Stone a beau réécrire le texte, l’inscrire pleinement dans notre monde contemporain, remplacer la vodka par la drogue ou le sexe par l’amour, on ne doute pas qu’il réussira à rendre compte de la frustration et de la mélancolie présentes à l’œuvre dans le théâtre de Tchekhov. Par quelle fascinante alchimie réussit-il ce tour de force ?
« Le présent ne cesse jamais »
Peut-être parce qu’il lit vraiment les classiques et sait sonder les intentions de leurs auteurs : « Tchekhov fait commencer toutes ses pièces en indiquant qu’elles se déroulent dans le temps présent, et à cet égard je le prends au mot. Le présent ne cesse jamais. De son vivant, Tchekhov aurait lui-même souhaité que ses drames soient situés dans le présent. […] A un moment donné, on a commencé à les mettre au passé parce qu’on a estimé que l’auteur, quand il parlait de temps présent, voulait parler du sien. » On a hâte de découvrir son travail où Eric Caravaca, Amira Casar, Céline Sallette évolueront dans la superbe maison à deux étages déjà utilisée pour Ibsen Huis.
Isabelle Stibbe
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