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Théâtre - Critique

« Les paillettes de la vie ou la paix déménage » : Mickaël Delis s’interroge finalement sur le sens de la vie

« Les paillettes de la vie ou la paix déménage » : Mickaël Delis s’interroge finalement sur le sens de la vie - Critique sortie Théâtre Paris La Scala Paris
Les paillettes de la vie de et avec Mickaël Delis sera à la Scala Paris CR : Marie Charbonnier

La Scala Paris / Texte et mise en scène de Mickaël Delis

Publié le 27 août 2025 - N° 335

Qu’avons-nous à léguer à ceux qui suivront ? Avec Les paillettes de la vie ou la paix déménage, dans son habituel registre intime et politique, joueur et joyeux, Mickaël Delis s’interroge finalement sur le sens de la vie.

Avec Les paillettes de leur vie ou la paix déménage, Mickaël Delis boucle sa trilogie autobiographique et déconstructionniste. Le premier sexe et La fête du slip – qu’il rejoue également à la Scala dès ce mois de septembre – avaient déjà arpenté les territoires de la vie familiale, amoureuse, psychique, sexuelle de l’auteur-acteur, en traquant avec humour et sagacité les mythes de la masculinité avec lesquels il avait dû composer. Dans ce troisième opus, la question de la masculinité se déplace sensiblement vers celle de la paternité. Les paillettes du titre sont en effet ces gamètes que le personnage alter ego de Mickaël Delis veut donner pour aider des couples infertiles. Dans cette aventure de potentielle reproduction de soi, ce qui se joue surtout, c’est une manière de devenir adulte à la mort de son propre père. Avancer dans la résolution des traumas familiaux, faire la paix avec ceux qui nous quittent et devenir soi-même celui qui va transmettre, l’âge avançant, Mickaël Delis fait évoluer ses thématiques tout en réinvestissant sa galaxie de personnages hauts en couleur : sa mère femme libérée et fumeuse invétérée au premier rang de tous.

Tout en simplicité et en touches d’émotion

L’agent, le frère, le scientifique hurluberlu, entre autres, sont également de retour pour le plus grand plaisir des adeptes du travail de Mickaël Delis. Son style reste le même : scénographie dépouillée et accessoires sommaires – un châle, un bâton néon – pour une farandole de personnages qu’enchaîne l’acteur avec précision et dextérité dans sa quête de soi. Avec, pour fil rouge, l’interrogation sur le contenu de la lettre qu’il doit léguer à ces enfants biologiques qu’il ne connaîtra jamais, qu’il abandonne dès leur conception en quelque sorte, Mickaël Delis essaye de poser du sens sur sa vie mais également sur la vie en général. Tout en simplicité et en touches d’émotion, Les paillettes de la vie traverse ainsi la question du pourquoi se reproduire mais aussi, via quelques amis du personnage, les affres du masculin quand il verse dans la parentalité. La lettre finale que le personnage finira par écrire à sa progéniture inconnue est terriblement belle (quoiqu’un peu longue). Avec sa mère qui danse, à la conclusion d’une trilogie qui fabriquait aussi le récit de sa vie, l’émotion des séparations définitives occupe la scène. Trublion prodigue en humour, Delis bascule ainsi dans un registre émouvant qui, dans l’ensemble, aura baigné ce dernier opus d’une très belle couleur de coucher de soleil.

A propos de l'événement

Les paillettes de la vie ou la paix déménage
du vendredi 3 octobre 2025 au samedi 3 janvier 2026
La Scala Paris
13 Bd de Strasbourg, 75010 Paris.

, le vendredi et le samedi à 19h15. Tel : 01 40 03 44 30. Durée : 1h15. Spectacle vu à la Reine Blanche à Avignon.

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