Théâtre & Politique
Du 14 mai au 8 juin, L’apostrophe - Scène [...]
William Mesguich adapte et met en scène la fresque monumentale d’Eugène Sue, roman d’aventures à tiroirs et à suspense.
« Les Mystères de Paris, texte baroque, épique, puissant littérairement et politiquement, cousin des Misérables, m’ont permis de m’aventurer sur le territoire d’un roman et cette expérience, que je souhaitais depuis longtemps, fut passionnante. Ce roman d’aventures, à tiroirs et à suspense est vertigineux. Nous avons voulu raconter au théâtre le Paris du XIXème siècle, métaphore de notre Paris actuel et de toute les mégapoles mondiales. La langue que Charlotte Escamez a restituée dans son adaptation, est rude, violente, poétique aussi et forcément théâtrale. Les choix dramaturgiques ont été cruciaux, il a fallu éliminer des épisodes et des personnages. Transposer, en deux heures de spectacle, 1300 pages de rebondissements, de trahisons, de tendresse et parfois de haine, fut une gageure inouïe. Raconter les Mystères au théâtre, c’est mettre en lumière la misère humaine, c’est mettre en jeu nos rapports aux conditions de logement, à la prison, à la justice, à la famille, aux hôpitaux, c’est s’interroger sur le bien et le mal. Peut-il y avoir rédemption quand on a commis un méfait ? La vengeance et les représailles sont-elles la norme ? Les Mystères de Paris agissent comme un révélateur de notre rapport au monde.
Sonder l’âme humaine
Sept comédiens interprètent 25 personnages, et l’intrigue parcourt 25 lieux différents. C’est un véritable travail de troupe, tourbillonnant, généreux. Nous avons travaillé sur la transformation des visages, sur le travestissement, de manière séquentielle. Il y a dans notre spectacle une part narrative importante, nécessaire à la compréhension de l’intrigue. Plusieurs figures de Monsieur Loyal endossent ce rôle, comme un travail choral. Et puis très vite, les dialogues nous plongent dans les méandres des bas-fonds de la grande ville. Héros et anti-héros, Rodolphe est un personnage ambivalent, qui décide de son propre code de lois. Comme Eugène Sue, il sonde l’âme humaine et veut connaître « ceux que la misère écrase, déprave et abrutit, alors, il prend le langage et les manières de ceux qu’il désire observer« . Personnage solitaire, il récompense le bien, poursuit le mal, il se bat contre les injustices, mais la Justice lui est étrangère. Les Mystères de Paris, pièce populaire, universelle, nous interroge, nous bouleverse et nous enivre de sa langue crue, cruelle. Comme un cri d’humanité. »
Propos recueillis par Agnès Santi
Du 14 mai au 8 juin, L’apostrophe - Scène [...]