La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Les Fourberies de Scapin

Les Fourberies de Scapin - Critique sortie Théâtre Clamart Théâtre Jean-Arp
La compagnie du Menteur volontaire dans Les Fourberies de Scapin. Crédit photo : Philippe Bertheau

Théâtre Jean-Arp / de Molière / mes Laurent Brethome

Publié le 28 octobre 2014 - N° 225

La compagnie du Menteur volontaire, dirigée par Laurent Brethome, s’empare des aventures du génie de l’embrouille. Le retors Scapin machine et manigance avec talent, entre violence et drôlerie.

Une galère turque, un sac à bastonnade, des barbons pingres et idiots, une jeunesse amoureuse et insolente, et au milieu, un ouvrier spécialisé de l’art de l’intrigue, le fieffé Scapin, maître ès manigances, amateur de situations perdues que son talent à emmêler et démêler les situations rend odieux aux imbéciles infatués et précieux aux sincères trop candides. Laurent Brethome a choisi de moderniser le cadre de la farce, en installant le truqueur, ses complices et ses victimes sur les docks d’un port de commerce. Gabriel Burnod a imaginé une scénographie métallique et industrielle, et les costumes de Julie Lacaille transforment les protagonistes en mauvais garçons caparaçonnés de cuir, en petites frappes et lascars endimanchés et en michetonneuses aguicheuses. On se croirait à Marseille, versant trash, ou à Rotterdam version deal.

Entre comédie et tragédie

Laurent Brethome considère le Scapin de Molière comme une « racaille anarchiste au grand cœur », et choisit de transposer « les violences sociales » du Grand Siècle dans le nôtre, rappelant ainsi que la lutte des classes, qu’on croit souvent affaire de bretteurs désuets, est toujours à l’œuvre aujourd’hui. Le rire qu’il veut faire naître est « global, insolent et effronté », dans la succession de « bouffonneries et euphories ». Les acteurs s’en donnent à cœur joie. Jérémy Lopez campe un Scapin dynamique et facétieux, pourtant marqué par une mélancolie amère, comme si la joie de l’imbroglio avait du mal à cacher les raisons cruelles de réparer l’injustice. Entre des fils sans grande envergure morale – un peu benêts, un rien bêtas – et des pères essentiellement préoccupés par leurs affaires et leur fortune, le malheureux Scapin finit par mourir, une fois réglées les affaires pour lesquelles on le sollicitait. Laurent Brethome choisit une agonie solitaire et déchirante pour le retors abandonné, comme si l’intelligence, même bouffonne, était toujours l’ultime dindon de la farce sociale.

Catherine Robert

A propos de l'événement

Les Fourberies de Scapin
du jeudi 6 novembre 2014 au samedi 15 novembre 2014
Théâtre Jean-Arp
22 Rue Paul Vaillant Couturier, 92140 Clamart, France

Jeudi à 19h30 ; mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 16h. Tél. : 01 41 90 17 02. Durée : 1h50. Spectacle vu au Théâtre Firmin-Gémier / La Piscine. Tournée en novembre : le 17 à L’Hectare de Vendôme ; du 18 au 23 au Grand T de Nantes ; les 25 et 26 au Théâtre de Laval ; du 27 au 29 aux Scènes de Pays dans les Mauges, à Beaupreau. Suite de la tournée en décembre. Site : www.lementeurvolontaire.com

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