“Tempête dans un verre d’eau” de Marie Carrignon et Clément Montagnier : une prouesse d’écriture en théâtre d’objet
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Au Théâtre du Chêne Noir, Frank Hoffmann met en scène Denis Lavant, Nele Lavant, Maria Machado et Samuel Mercer dans Les Crabes de Roland Dubillard. Une manière de célébrer, entre cauchemar et rire, le centenaire de la naissance de l’auteur disparu en 2011.
Sur quoi repose votre attirance pour l’écriture de Roland Dubillard ?
F.H. : Sur sa particularité. On sent bien sûr la famille littéraire, pour ainsi dire, qui a gravité autour de lui, mais Dubillard est différent. Il laisse derrière lui toute psychologie, qu’on pense encore percevoir çà et là chez ses contemporains. Ainsi, ses personnages se construisent dans la situation dramatique même, ce qui pour moi, metteur en scène, est un véritable cadeau. Ses personnages prennent leur départ dans une tension extrême qui elle-même prend son départ dans un langage inédit, surprenant, décalé, grotesque et poétique, qui dit tout sauf ce qu’il paraît dire au premier regard.
D’où provient l’humour si particulier de ce théâtre ?
F.H. : Chaque phrase dit ce qu’elle dit et son contraire. Les confusions et les imbroglios sont programmés d’avance. Selon la situation dramatique ou le point de vue choisi par le comédien et le metteur en scène, le texte change radicalement d’orientation. Le sens des phrases n’est jamais clair et net, fixé une fois pour toutes. Les dialogues sont dans un mouvement continuel, plein de rebondissements et de quiproquos qui provoquent un rire très particulier. Celui-ci peut être libre et franc, ou convulsif, et même contrariant. Mais dans tous les cas de figure, il est terriblement subversif.
Que raconte Les Crabes ?
F.H. : Les Crabes commence là où Rhinocéros de Ionesco se termine. Cette pièce met en scène quatre personnages aux prises avec des crabes qui les ont virtuellement absorbés. Le spectateur ne sait plus qui mange et qui est mangé. Le jeune homme-crabe et la jeune fille-crabe tentent de résister à la perversion de Monsieur et Madame, qui se revendiquent humains mais ne sont plus que des avatars équipés de mitraillettes prêts à éliminer tout ce qui s’oppose à eux. Ce combat est un jeu de pouvoir perpétuel.
Qu’est-ce que cette pièce éclaire de l’être contemporain ?
F.H. : Cette pièce est d’une modernité insoupçonnée. Si l’on oublie pour un moment qu’elle a été écrite en 1970, il faut dire que tout y est : le changement climatique, la guerre, la cruauté de l’homme et son espoir quasi désespéré d’une ultime rémission.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Du jeudi au dimanche à 19h15. Tél : 04 90 86 74 87. Durée : 1h15.
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