Alain Françon
La vie telle quelleŒuvre ultime de Tchékhov, [...]
Philippe Caubère aux prises avec la terreur du vide, ressentie par l’acteur. Un Épilogue aux accents de comédie et de cri kafkaïen.
C’est de 1980 à 1981 que Philippe Caubère écrit et improvise, sous la direction de Jean-Pierre Tailhade et Clémence Massart, des essais scéniques d’où naîtront dès mars 81 la première version de La Danse du diable puis, vingt ans après, L’Homme qui danse. Or, L’Épilogue à L’Homme qui danse appartient étrangement à cette première aventure des séquences d’improvisations de 80. Dès cette époque, Caubère abandonne l’idée d’écrire une pièce assis à sa table avec un crayon et du papier. S’impose à lui de façon absolue, la nécessité de se retrouver seul sur un plateau nu avec le besoin violent d’écrire « sa » vie à travers l’improvisation. Les Carnets d’un jeune homme, initiés en 76 et publiés en 91, participent de l’aventure. Pour lors, le comédien se souvient de cette année 80 : « Jérôme Savary m’avait prêté les sous-sols du Théâtre de Chaillot, et je travaillais là à mes improvisations. Ma situation intérieure n’était guère brillante, j’étais au chômage après l’expérience éblouissante du Théâtre du Soleil, j’éprouvais une répulsion profonde à vouloir repartir sur ces chemins douloureux du parcours de comédien.
« J’ai retrouvé dans cette langue improvisée tout ce que j’ai traversé. »
Puis, grâce à une inspiration passagère, j’ai gravé sur le plateau l’image de cet homme désoeuvré que j’étais, sur les Champs-Élysées, qui drague une jeune fille dans un bar… » Après des mois de recherche, Caubère éprouve le soulagement d’avoir entamé quelque chose de solide, il enregistre l’improvisation au magnétophone et présente son travail à ses complices, Jean-Pierre Tailhade et Clémence Massart. Chemin faisant, le cycle de ces improvisations s’épuise peu à peu, et cette première scène inventée par Caubère est apparemment oubliée :« Longtemps après, comme une corde traînée de longues années dans la mer, chargée d’algues et de coquillages, j’ai retrouvé dans cette langue improvisée tout ce que j’avais traversé, un voyage à travers moi-même qui a donné concrètement L’Homme qui danse. » Ce jeune homme en perdition sur les Champs-Élysées parle encore de cet élan et de cette urgence, la quête d’une expression personnelle, une question de vie et de mort. Et plutôt que d’aller se pendre, l’acteur en souffrance décide d’aller se peindre. C’est ainsi que revient sur les scènes de théâtre Caubère/Ferdinand dans ses premiers pas existentiels du métier d’acteur.
Véronique Hotte
L’Épilogue à l’Homme qui danse
création de Philippe Caubère, du 14 septembre au 27 octobre 2007 à 20h, relâche dimanche et lundi au Théâtre du Rond-Point 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris Tél : 01 44 95 98 21 www.theatredurondpoint.fr
La vie telle quelleŒuvre ultime de Tchékhov, [...]
Jean-Marie Russo, le directeur artistique de [...]
Isabelle Bonillo adapte la somme hugolienne [...]