« La Porte d’Ensor », nouvelle création de Marion Coutris et Serge Noyelle, en route vers l’inconscient
La nouvelle création de Marion Coutris et [...]
Une femme, une machine à laver, quelques patates, de la pataphysique et beaucoup d’humour : en danseuse clownesque, Léonore Chaix narre le néant surbooké de la modernité technophile.
« Tu es assis et tu ne veux qu’attendre, attendre seulement jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à attendre : que vienne la nuit, que sonnent les heures, que les jours s’en aillent, que les souvenirs s’estompent. » disait Perec dans Un homme qui dort. La femme dont Léonore Chaix raconte la morne existence pourrait être la fille de l’homme sans temps ni lieu, imaginé par l’écrivain, dont elle révèle qu’elle sauta sur ses genoux quand elle était enfant. Il est des filiations plus honteuses ! Isotopie du vide et dissolution du langage : la même maladie affecte le discours de ces deux solipsismes. Le « tu » de Georges Perec et le « elle » de Léonore Chaix perdent consistance et cohérence à mesure que les mots se délitent. Comme pour le Robinson de Vendredi ou les limbes du Pacifique, la solitude « n’attaque pas que l’intelligibilité des choses. Elle mine jusqu’au fondement même de leur existence. » Reste que la femme dont Léonore Chaix interprète la vie sans autrui est une femme d’aujourd’hui, prise dans les rets de la communication moderne qui donnent l’illusion du lien.
L’être et le néant
« Elle » est donc semblable à tous ses avatars contemporains, qui ont des amis virtuels, discutent avec des boîtes vocales et des machines, errent comme des zombies sur les réseaux qu’on dit sociaux, regardent le monde à travers leurs écrans et ne l’entendent plus à force d’écouteurs en guise de bouchons de cire. Le texte de Léonore Chaix, qui s’inscrit dans la veine de l’Oulipo et des maîtres de l’absurde comme Raymond Devos, est joliment troussé. Il provoque tour à tour le rire et l’émotion devant les atermoiements de ce personnage qui ne sait même plus ouvrir la porte à de possibles rencontres et préfère la compagnie de sa machine à laver à celle d’un alter ego. L’interprétation qu’en livre Léonore Chaix, tout en finesse et en délicatesse, offre un joli moment de théâtre qui donne à penser, sans sombrer dans le sentencieux ni la noirceur. La mise en scène d’Anne le Guernec, qui guide la comédienne comme une chorégraphe le ferait avec une danseuse, est subtile et très efficace. Aucun temps mort dans cette danse pour une âme défunte, grandiose en sa médiocrité, avec quelques patates qui germent en bord de plateau, comme pour attester que la vie s’obstine, même au cœur du désastre.
Catherine Robert
Mardi et mercredi à 19h30. Relâche les 13 février et 13 mars. Tél. : 01 40 03 44 30. Durée : 55 min. À partir de 12 ans.
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