Touchée par les fées
Du jardin du Lycée Saint-Joseph (pour le [...]
Avignon / 2016 - Entretien / Cornelia Rainer
Après une première version de ce spectacle présentée au Festival de Salzbourg en 2012, la jeune metteure en scène autrichienne Cornelia Rainer recrée, dans la Cour du Lycée Saint-Joseph, son portrait théâtral de Jakob Lenz. Un portrait qui s’inspire des textes du dramaturge allemand, de la nouvelle que lui a consacrée Georg Büchner et des notes du pasteur Oberlin.
« Pour moi, l’acte de création naît de la découverte. De l’observation. Du regard précis que je porte sur les choses ordinaires, sur la vie quotidienne. J’essaie de développer des formes théâtrales à partir de scènes de tous les jours, d’actes simples. Ce qui revient à essayer de faire des choses particulières avec des choses banales. L’approche documentaire est essentielle dans mes mises en scène. Enfant, déjà, je recueillais des phrases, des fragments, sans savoir à quoi tout cela allait me servir. Pour mon spectacle sur Jakob Lenz, je suis partie des premiers mots de la nouvelle de Georg Büchner (ndlr, intitulée Lenz) : “Le 20, Lenz traversa les montagnes”. Ce fut le début du voyage qui amena le dramaturge, durant l’hiver 1778, à passer 21 jours dans les Vosges françaises. Le texte de Georg Büchner prend pour moi des allures de composition musicale. Chaque phrase représente un mouvement. Mon théâtre partant toujours de la musique, de l’écoute, cette œuvre a été pour moi une source d’inspiration parfaite. Un autre aspect important est le rapport intense que cette nouvelle entretient avec la nature.
Du banal au particulier
Car durant son voyage, Jakob Lenz est exposé aux forces de la nature. A ses humeurs changeantes. A son caractère arbitraire. C’est quelque chose qui me parle beaucoup, car la nature occupe également une place essentielle dans ma vie, dans mon travail. Elle rend possible deux paramètres cruciaux dans mon appréhension de la scène : le silence et une forme de vide, d’absence. Au sein de ce spectacle, j’ai eu envie de ré-imaginer le poète Lenz avec toutes ses contradictions, ses doutes, ses peurs. J’ai effectué des recherches, ai passé quelques jours au Ban de la Roche, l’endroit où se déroule la pièce. Là-bas, j’ai étudié les notes du pasteur Oberlin, chez qui le poète a séjourné. Je me suis promenée longtemps dans les environs. Les textes de Jakob Lenz lui-même représentent une partie importante dans mon travail. A travers ses écrits, il se met du coté des “petites gens”, s’oppose à la société aristocratique de son époque. Ces pensées occupent une position centrale dans le spectacle. Elles contribuent à lui donner une dimension sociale et politique. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
à 22h, relâche le 10. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h40.
Du jardin du Lycée Saint-Joseph (pour le [...]