La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

L’ECOLE DES FEMMES

L’ECOLE DES FEMMES - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Tempête
© Pascal Sautelet Une excellente mise en scène de Philippe Adrien.

Reprise / Théâtre de La Tempête / de Molière / mes Philippe Adrien

Publié le 30 août 2016 - N° 246

Inventive, rythmée, impeccablement maîtrisée, la mise en scène de Philippe Adrien réussit à mettre en lumière toutes les facettes de la comédie de Molière, de la plus drôle à la plus terrifiante. 

Exit le mari, le chef, le seigneur et le maître Arnolphe… Contraint à la fuite et au silence. L’innocente Agnès, qui est loin d’être bête, a pris son envol et choisit son futur. Les choux du potager ne serviront pas à mitonner une bonne vieille soupe en compagnie du barbon, mais peut-être que des enfants s’y amuseront bientôt. Une jolie branche d’arbre en fleurs sert de métaphore au désir de l’amour, au printemps de la jeunesse. Contraste saisissant avec le désir d’amour d’Arnolphe, qui, s’il est bien réel, n’en demeure pas moins un désir d’asservissement et de possession.  Arnolphe a en effet  élevé sa pupille Agnès dans une ignorance extrême, dans un isolement complet, afin de faire d’elle une épouse obéissante et fidèle, et d’éviter de subir l’affront si répandu du cocuage. Elle va cependant s’émanciper de son destin tracé d’avance. Soutenu par une remarquable distribution, Philippe Adrien mène la comédie de Molière de main de maître, et réussit à mettre en lumière toutes ses facettes, de la farce burlesque  et clownesque à la tragédie de la violence d’un homme envers une jeune fille qui lui oppose sa volonté. Par le jeu excellent des comédiens, par surgissements, par résonances, par des images frappantes au cœur du décor bucolique et sobre de Jean Haas, il exerce son art de la mise en scène, situant l’action à l’époque charnière de la fin du XIXe siècle, n’hésitant pas à y inclure des éléments d’étrangeté insolites. Surtout pas d’actualisation, c’est inutile !

Entre rage et désespoir

Philippe Adrien conjugue la dimension comique de la pièce et l’enjeu humain essentiel de la conquête émancipatrice de la jeune fille. Le rire et la connaissance : Molière parvient à les imbriquer, et le metteur en scène aussi, d’autant que l’envie de liberté d’Agnès reste d’une éternelle actualité. Trop de jeunes filles sont hélas aujourd’hui encore mariées de force ou totalement soumises à un mâle dominant qui régit leur vie de A à Z. Patrick Paroux est un Arnolphe impeccable, entre rage et désespoir, qui jusqu’au bout se croit stratège de l’enfermement – sur tous les modes -, alors que la graine de la liberté a été semée…  Valentine Galey est une Agnès très fine, que l’ignorance rend totalement spontanée, et qui découvre le monde et de nouveaux sentiments en la personne d’Horace. Virevoltant, gracieux, toujours remarquablement juste, Pierre Lefebvre donne au jeune homme amoureux beaucoup de  charme. Dans cette implacable comédie, l’amour est le maître, et libère la parole. A voir à tout âge !

Agnès Santi

A propos de l'événement

L’ECOLE DES FEMMES
du mardi 6 septembre 2016 au dimanche 2 octobre 2016
Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris, France

du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h. Tél : 01 43 28 36 36. Durée : 2h. Spectacle vu au Théâtre de la Tempête.

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