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Esther et Jonas Slanzi mettent leurs talents [...]
Avignon / 2018 - Entretien / Christophe Rauck
Christophe Rauck réunit tous les élèves de la cinquième promotion de l’Ecole du Nord (comédiens sur scène et auteurs à l’adaptation) autour de la pièce testament de Jean-Luc Lagarce.
« Il faut rendre toute sa dimension à l’acteur, créateur plutôt qu’interprète. »
Pourquoi Lagarce ?
Christophe Rauck : Je trouvais intéressant que des jeunes portent cette parole, cette écriture tellement puissante, cette grande musicalité, et qu’ils affrontent cette pensée longue et le concret qu’il faut aller y chercher. Le Pays lointain est une œuvre un peu composite, qui permet de rajouter des personnages. Avec la complicité de François Berreur, les deux élèves-auteurs ont adapté le texte sous le regard de Christophe Pellet, afin que chaque comédien ait une matière intéressante à défendre. Le projet réunit toute la promotion et on ferme ainsi la boucle de tout un processus de travail.
Comment avez-vous travaillé avec cette promotion, entrée avec vous à l’Ecole du Nord ?
C. R. : Pour être acteur, il ne suffit pas d’avoir du talent. Je crois que c’est un métier, et un métier qui se perd ! Il faut donner des outils à celui qui veut faire un métier et lui apprendre à s’en servir. Le projet pédagogique que nous avons mis en place avec Cécile Garcia Fogel, marraine de la promotion, s’est construit autour du répertoire, classique ou contemporain, celui des auteurs qui développent les grandes formes et les grandes pensées. Nous avons voulu que ces jeunes gens comprennent la musique de la langue à force de la travailler car c’est la matière qu’ils vont devoir sculpter pour se développer en tant qu’acteurs. Essentiel aussi, le projet de voyage qu’a organisé Cécile en début de troisième année, pour qu’ils se rendent compte que le théâtre parle du monde et qu’il est fondamental d’aller à sa rencontre.
Pourquoi insister autant sur l’idée d’outil ?
C. R. : Parce que ce sont eux qui permettent de développer l’art de l’acteur. Voilà pourquoi ils ont aussi travaillé le cirque, le clown et le chant ; voilà aussi pourquoi ils ont travaillé avec des metteurs en scène très différents : les outils leur ont permis d’être plus libres et davantage en proposition. Mieux on comprend les outils et plus on entretient un rapport puissant avec l’artifice. J’avais envie qu’ils comprennent que le théâtre n’est pas seulement une copie mais une représentation du monde. Tout le monde court aujourd’hui derrière la figure du metteur en scène mais ce sont aussi les acteurs qui font les grands spectacles. Qu’auraient été Brook, Mnouchkine, Lavaudant ou Vitez sans les comédiens qu’ils dirigeaient ? Il faut rendre toute sa dimension à l’acteur, créateur plutôt qu’interprète.
Propos recueillis par Catherine Robert
à 15h. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 3h30, entracte compris.
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