QUATUOR BENNEWITZ
Un jeune ensemble pragois dans des œuvres de [...]
L’opéra en un acte de Béla Bartók est donné avec la Symphonie italienne de Mendelssohn.
L’Orchestre de Paris invite tous les dix ou quinze ans un grand chef d’origine hongroise pour diriger l’unique opéra de Béla Bartók : Solti et Doráti naguère, le grand Christoph von Dohnányi aujourd’hui. Le livret symboliste de Béla Balázs est moins sanglant et même moins réaliste que le conte original de Perrault. Les portes du château qu’ouvre successivement l’épouse de Barbe-Bleue laissent voir toute la grandeur mais également toutes les fêlures psychologiques du mystérieux seigneur. La dernière porte ne cache pas de cadavres mais des femmes vivantes jadis aimées par Barbe-Bleue. A vouloir trop aimer, trop en savoir sur le passé de son époux, Judith sera reléguée avec elles dans la salle des souvenirs sentimentaux. Conte triste sur l’incompréhension et l’incompatibilité du couple, cette œuvre à portée universelle est découpée en scènes descriptives d’une grande force esthétique. Le baryton Matthias Goerne, si rare à la scène mais fidèle de l’Orchestre de Paris, s’approprie le rôle sombre de Barbe-Bleue, pas si éloigné que ça de l’univers du Lied. La déambulation de Barbe-Bleue dans son propre château n’est-elle pas comparable aux voyages désespérés des cycles de Schubert et Mahler ? Elena Zhidkova, si belle et impressionnante l’an dernier dans son solo d’Alexandre Nevski, qui avait clos la saison de l’Orchestre de Paris, revient dans l’un de ses plus grands rôles. En première partie, l’insouciance de la Quatrième Symphonie de Mendelssohn évoquant les paysages ensoleillés de l’Italie constitue un pendant audacieux à l’opéra de Bartók.
A-T. Nguyen
Un jeune ensemble pragois dans des œuvres de [...]