Valérie Baran / Les dix ans du Tarmac
Le Tarmac est, en France, l’unique théâtre [...]
Les metteurs en scène Jean-Louis Martinelli et Jacques Osinski s’emparent tous deux de L’Avare. Deux versions de la pièce de Molière respectivement incarnées, au Théâtre Déjazet et au Théâtre de Suresnes Jean-Vilar, par Jacques Weber et Jean-Claude Frissung.
L’intérêt des classiques réside bien sûr dans leur valeur théâtrale, mais aussi dans le plaisir que l’on prend – de lectures en relectures, de représentations en représentations – à les appréhender par le biais de différentes visions. Ainsi, L’Avare de Molière revient aujourd’hui à nous à travers deux mises en scène. L’une est signée Jean-Louis Martinelli (avec Jacques Weber dans le rôle-titre), qui après une tournée de plusieurs mois s’installe jusqu’au 2 janvier au Théâtre Déjazet. L’autre est créée par Jacques Osinski au Théâtre de Suresnes Jean-Vilar, avec le comédien Jean-Claude Frissung dans le rôle d’Harpagon. Deux versions qui s’extirpent du XVIIème siècle pour se rapprocher de nous : la première ouvrant sur une famille mafieuse des années 1970, la seconde déployant un univers d’intrigue policière contemporaine. « L’Avare met en place des situations qui sont tellement énormes, tellement noires, qu’elles en deviennent très drôles, fait remarquer Jacques Osinski. Tout cela me fait beaucoup penser à l’humour de Pierre Desproges : c’est grinçant, inquiétant et drôle à la fois. »
Une humanité complexe
S’appuyant sur « le jeu droit et sans fioriture » de Jean-Claude Frissung, le metteur en scène souhaite sortir de la farce pure pour investir l’humanité complexe, à la fois fragile et violente, à laquelle renvoie pour lui le personnage d’Harpagon. De complexité, il est également question dans le spectacle de Jean-Louis Martinelli qui cherche, lui aussi, à voir derrière le cliché d’un Avare monolithique. « Il ne s’agit pas d’interpréter quelqu’un d’uniquement rabougri, déclare l’ancien directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers. Lorsqu’on ne lui parle pas d’argent, Harpagon est un homme tout à fait agréable ! Mais il confond l’être et l’avoir. Il est mu par un désir de possession absolue… » Visant à éclairer les dérives d’un père et leurs répercussions, les deux metteurs en scène se penchent sur les ambiguïtés et les égarements de l’humain. Avec, en ligne de mire, le trouble que peut faire naître un être perdu, reclus dans une profonde solitude.
Manuel Piolat Soleymat
Théâtre Déjazet, 41 boulevard du temple, 75003 Paris. Du 2 octobre 2015 au 2 janvier 2016. Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 14h30. Tél. : 01 48 87 52 55. www.dejazet.com
Théâtre de Suresnes Jean-Vilar, 16 place Stalingrad, 92150 Suresnes. Du 7 au 9 octobre 2015 à 21h. Tél. : 01 46 97 98 10. www.theatre-suresnes.fr
Egalement du 4 au 15 novembre 2015 au Théâtre Jean-Arp de Clamart, les 1er et 2 décembre au Théâtre de Bourg-en-Bresse, du 26 au 29 janvier 2016 au Théâtre de Caen.
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