La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

L’assassin sans scrupules ?

<p>L’assassin sans scrupules ?</p> - Critique sortie Théâtre
photo légende : Depuis son ovni paru sur Tzadik, David Krakauer est devenu l’icône du revival klezmer.

Publié le 10 mars 2007 - N° 146

La pièce du roi du polar suédois Henning Mankell, servie par l’esthétique
vitézienne d’un prince de la scène, Marc Paquien.

Un froid glacial de conte d’enfance qui dépose son givre éblouissant de
flocons sur un paysage nordique, comme sur le toit frileux d’une maison
forestière, dominée par un pont tournant de chemin de fer qui traverse la nuit
immense d’un ciel étoilé hugolien. On grelotte, mais il fait bon se sentir vivre
dans cette impression d’un froid sec revigorant, quand il fait jour en pleine
obscurité grâce au manteau de neige hivernal. Des réminiscences d’un passé
perdu, un paradis blanc des premières années dans lequel bascule Hasse Karlsson
? le protagoniste de L’Assassin sans scrupules de Henning Mankell ?,
appelé par son père au chevet de sa mère mourante. Le héros, beau gaillard
charpenté, revient sur des lieux familiers, à l’époque de sa brouille avec sa
mère. Hasse est tantôt narrateur adulte omniscient, tantôt acteur de son propre
rôle de garnement, un emploi servi avec panache par l’émerveillement enfantin
d’Antoine Régent. Le différend est dû à une histoire de camaraderie douteuse
avec L’Hirondelle, cape sombre de Grand Meaulnes pour le chic désuet d’Anthony
Paliotti. C’est le fils du nouvel inspecteur des eaux et forêts, qui a investi
le rocher préféré de Hasse dont le père est bûcheron : « C’était la première
fois que j’avais un copain qui n?était pas comme tout le monde.
 » La mère,
serveuse, voit cette fréquentation d’un mauvais ?il.

La vie sans rêve, «  c’est comme du bois vert qui ne brûle pas ».

Elle vit au milieu des sapins alors qu’elle rêvait de ports, de cargaisons et
de voyages maritimes : « Tu seras mon navire, fais tes devoirs et réussis’ »
Près de la maison, La Célestine, un navire en miniature échoué sur le sable,
recèle dans sa cale les économies maternelles pour un départ rêvé en direction
de Rotterdam. Mais la mère pressent d’instinct que son fils ne veut « rien
devenir
 ». Or, la vie sans rêve, « c’est comme du bois vert qui ne brûle
pas
 ». Pour contrevenir à l’absence de songes salutaires, Hasse suit les
mauvais préceptes de l’Hirondelle, en exerçant sa cruauté sur des passantes
infortunées. Histoire de jouer aux grands : « Tu n?as pas vu les adultes
comme ils se vengent les uns sur les autres.
 » Hasse accomplit l’acte fatal
à une innocente. Intime déception, regrets tardifs et incompréhension sur les
raisons d’accomplir « des choses qu’on n?a pas envie de faire. »
Dominique Léandri qui joue la mère et les victimes dispose d’une brillante
énergie. Un bel élan juvénile dans un décor raffiné de conte adolescent, entre
rire et larmes.

Véronique Hotte

Dès 9 ans

L’Assassin sans scrupules

De Henning Mankel, traduction de Terje Sinding, mise en scène de Marc
Paquien, le 8 mars 2007 au Nickel à Rambouillet Tél : 01 34 94 82 77, les 12 et
13 mars à La Barbacane à Beynes Tél : 01 34 91 06 58, le 6 avril à La
Nacelle-Théâtre du Mantois à Aubergenville Tél : 01 30 95 37 76

Spectacle vu au Prisme d’Élancourt Texte publié à L’Arche (Théâtre Jeunesse)

A propos de l'événement


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