« Jag et Johnny » : Laurène Marx conçoit un « stand-up triste »
Avec Jag et Johnny, l’autrice et metteure en [...]
Dans L’Affaire L.ex.π.Re (prononcer « Elle expire »), Métilde Weyergans et Samuel Hercule réinventent leur univers à la frontière du théâtre et du cinéma en mettant en miroir deux films distincts reliés par une même bande sonore. Sur fond de tragédie racinienne, ce thriller poétique anime magnifiquement des reflets de drame, d’esseulement, d’espoir qui renaît…
« Elle expire, Seigneur ! », s’exclame Panope au sujet de Phèdre, dans la dernière scène de la tragédie de Racine, alors que l’héroïne succombe au poison qu’elle s’est administré. Tirant son titre mystérieux de cette annonce funeste, le nouveau ciné-spectacle imaginé par Métilde Weyergans et Samuel Hercule nous raconte une histoire divisée en trois films dont les bandes sonores et vocales sont réalisées, en direct, par les deux comédiens-bruiteurs, accompagnés de Timothée Jolly et Mathieu Ogier (qui cosignent la partition musicale). Particularité de cette proposition créée le 4 novembre dernier à la Scène nationale de Chambéry Savoie, où les deux artistes sont associés : les spectatrices et spectateurs, installés sur deux gradins qui se font face, plongent pour les uns dans l’existence de Natacha Wouters, une comédienne de théâtre prise dans le tourbillon d’un drame, pour les autres dans celle de Max, un homme secret et solitaire qui semble avoir pour seule amie une souris qu’il a apprivoisée. Puis la projection s’inverse, avant que ne s’ouvre le troisième volet du thriller, épilogue cette fois-ci révélé conjointement à la totalité du public.
L’art du ciné-spectacle sublimé
Dans L’Affaire L.ex.π.Re, le claquement des talons de Natacha devient, chez Max, le tic-tac d’une horloge, le bruit d’un flacon de parfum que l’on débouche devient le tir d’un pistolet muni d’un silencieux. Ces ingénieuses correspondances sont au centre d’une narration qui se déploie avec la majesté d’un escalier à double révolution. Le quotidien de l’homme taciturne n’est bien sûr pas sans rapport avec celui de la comédienne, qui s’apprête à incarner Phèdre alors qu’une menace obscure pèse sur elle. Avec l’inventivité qu’on lui connaît, la Compagnie La Cordonnerie trouve ici l’équilibre entre grâce artisanale du théâtre et puissance altière du cinéma. Lorsque les alexandrins de Racine prennent vie sur scène pour s’unir à l’écran, toute leur densité poétique nous traverse, transfigurant dans le même temps les destins de Max et de Natacha. Métilde Weyergans et Samuel Hercule prouvent, une fois encore, qu’ils sont des auteurs-réalisateurs-metteurs en scène profondément inspirés. Ce sont aussi des comédiens bouleversants. En un visage filmé en gros plan, un cri lancé depuis le plateau, ils nous propulsent dans l’intensité d’un monde soumis aux vagues introspectives de leur douceur mélancolique.
Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 18h. Durée de la représentation : 1h20. Tél. : 04 85 45 01 30. www.malrauxchambery.fr
Également à L’Onde à Vélizy-Villacoublay les 4 et 5 décembre 2025, au Théâtre du Vellein à Villefontaine les 11 et 12 décembre, à La Passerelle à Gap les 7 et 8 janvier 2026, au Théâtre de la Ville à Paris du 29 janvier au 7 février, à La Coursive à La Rochelle les 24 et 25 février, à La Comédie de Clermont-Ferrand, du 10 au 13 mars, à La Criée à Marseille du 18 au 21 mars, au Volcan au Havre, du 1er au 3 avril, au TNP à Villeurbanne du 22 au 29 avril.
Avec Jag et Johnny, l’autrice et metteure en [...]
Sous la direction d’Hubert Colas, Ahmed [...]