Brigitte Barilley met en scène sous la forme d’un diptyque deux pièces de Martin Crimp, « La Ville » et « La Campagne »
Brigitte Barilley met en scène sous la forme [...]
Après y avoir présenté un mois durant Les fausses Confidences*, remarquable de finesse et d’acuité, Alain Françon reprend au Théâtre de la Porte Saint-Martin La Seconde Surprise de l’amour. Une mise en scène d’une grande inspiration qui fait éclater les hauteurs et profondeurs de l’être.
On a presque l’impression d’entendre La Seconde Surprise de l’amour pour la première fois. Non que notre mémoire nous fasse défaut, oubliant les dépits et les convoitises auxquels sont confrontés la marquise et le chevalier au centre de la pièce de Marivaux. Ces êtres aux cœurs blessés se laissent surprendre par des émotions impromptues. On le sait. On connaît tout ceci. Et les marivaudages aux tons pastel qui vont souvent avec. Mais dans la mise en scène d’Alain Françon, ces tours et détours amoureux résonnent d’une tout autre façon. Dans une immédiateté fortement expressive qui, de prime abord, déconcerte. Les répliques se déploient comme on ne s’y attendait pas : hâtives ou curieusement syncopées, joyeusement facétieuses ou abruptement débordantes. Peu à peu, le trouble fait place à l’enthousiasme. Car cette manière décalée de dire, de proférer en sculptant les phrases, rend profondément singuliers et vivants les chemins de vie de la marquise et de sa suivante, Lisette, qui tente de tirer sa maîtresse de l’abattement dans laquelle l’a précipitée son veuvage. De Lubin, valet du chevalier qui veut séduire Lisette. Du comte, prétendant malheureux de la marquise. D’Hortensius, pédant lettré qui a un faible pour Lisette.
Un étonnement de chaque instant
Tout, ici, rejoint un travail admirable sur la langue. Et la vision d’un théâtre centré sur le texte, à travers lequel les personnages s’inventent au moment même où ils s’expriment, dans un présent absolu, prenant conscience avec le public, en s’adressant souvent directement à lui, de ce qu’ils sont en train de dire, de vivre, d’être. Spectatrices et spectateurs deviennent, dans cette représentation aux couleurs vives et aux sentiments exacerbés, les témoins privilégiés d’une humanité qui ne cesse de s’interroger. Dans un décor au réalisme stylisé de Jacques Gabel, Georgia Scalliet, Pierre-François Garel, Suzanne De Baecque, Thomas Blanchard, Alexandre Ruby et Rodolphe Congé sont les modeleurs ardents et engagés des blocs de paroles qui nous parviennent. Ils s’exclament. Protestent. Résistent. Cèdent. Pensent. S’émeuvent. Rient. Eclairent d’une lumière crue la réalité brûlante de leurs penchants et tâtonnements intimes. Cette Seconde Surprise de l’amour ne fait l’économie d’aucun questionnement, d’aucun doute, d’aucun égarement, d’aucune inquiétude. Au plus près de tous ces embrasements existentiels, Alain Françon déplace notre regard et vivifie notre vision du théâtre de Marivaux.
Manuel Piolat Soleymat
du mercredi au vendredi à 20h, samedi à 20h30, dimanche à 16h. Tél : 01 42 08 00 32. Durée : 1h45. Spectacle vu à la Comédie de Clermont-Ferrand.
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