Choré
La nouvelle création de Jean-Christophe [...]
Stravinski, Debussy, Ravel : trois compositeurs qui n’ont cessé d’inspirer les chorégraphes sont à l’honneur au Palais Garnier.
En 1970, l’Opéra de Paris passe commande d’un ballet à Maurice Béjart. Ce sera L’Oiseau de feu, sur la musique de Stravinski. Le chorégraphe choisit de travailler avec la Suite d’orchestre, plutôt qu’avec la version totale de la musique initialement conçue pour le ballet. Se détachant de cette version longue, il se détache aussi du livret, pour aller vers l’essence de la musique : une musique révolutionnaire avant tout, pour laquelle Béjart n’hésite pas à créer une danse qui, elle aussi, bouscule les codes : il confie le rôle de l’Oiseau de feu à un homme, et transforme l’histoire de la princesse en une lutte pour la liberté, fougueuse et violente.
Des Ballets russes aux Ballets C de la B
La soirée se poursuivra avec deux versions de L’Après-midi d’un faune, dont la judicieuse juxtaposition permet de savourer les différences. D’abord une version d’après la chorégraphie de Nijinski (1912), manifeste de la modernité en danse, dont l’étrange poésie, fondée sur des actions d’une trompeuse simplicité, n’a rien perdu de son pouvoir de fascination. Viendra ensuite la version de l’Américain Jerome Robbins (1953), qui transforme l’histoire de la nymphe et du faune en une rencontre, pudique et sensuelle, entre deux jeunes danseurs dans un studio : la nymphe, le faune et l’atmosphère de sous-bois de Nijinski sont bien loin, mais contaminent poétiquement notre imaginaire à travers la musique de Debussy. Enfin, on attend avec impatience la première création à l’Opéra de deux talentueux chorégraphes issus du collectif les Ballets C de la B, Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, avec Marina Abramovič à la scénographie : le crescendo du Boléro de Ravel devient pour eux une forme de transe organisée, « entre tempête électrique, champ de bataille, rituel de derviches tourneurs et sabbat »…
Marie Chavanieux
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