Le duo d’artistes formé par Christian Hecq et Valérie Lesort met en scène « La Petite Boutique des horreurs »
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Texte coup de poing de l’autrice Ovidie pour encourager les femmes à sortir des injonctions de l’hétérosexualité, La chair est triste est aussi l’histoire d’une grève du sexe, portée sur scène par Anna Mouglalis.
Comment est né ce texte ?
Ovidie : C’est un texte monologique, nourri de quelques éléments biographiques que j’ai gommés pour le porter sur scène. J’ai privilégié sa dimension manifeste en faveur de la sortie de l’hétérosexualité. Car il provient d’un grand ras-le-bol de ce que cela représente que d’être une femme hétéro dans notre société et revendique tout simplement une grève du sexe.
Vous avez écrit en faveur de la liberté sexuelle des femmes, la grève du sexe en est-elle un renoncement ou une variation ?
O : La grève du sexe fait absolument partie de cette liberté sexuelle car cela fait partie de la liberté de ne rien en faire. Les milieux féministes pro-sexe ont d’ailleurs été les premiers à soutenir les asexuels, à leur tendre la main. J’aime bien ce terme de grève car il a une portée politique et aussi parce qu’une grève est reconductible. J’ai beaucoup travaillé sur la déconstruction des injonctions liées à la sexualité, comme dans la bande dessinée que j’ai écrite Libres ! Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels, et ce texte en est une prolongation.
Que gagne une femme, selon vous, à exercer cette grève du sexe ?
O : On y trouve du temps et de l’espace mental qu’on n’avait plus. Ce n’est pas un rejet simplement du rapport sexuel, mais une réflexion plus large sur les pratiques, sur ce que ça implique de rester une femme désirable dans la société. Les cosmétiques, les gommages, la douleur de s’épiler, le temps et l’argent qu’on dépense pour rester séduisante, et tout cela pour créer des rapports décevants, souvent dénués de plaisir. Car les femmes hétéros dans l’acte sexuel trouvent de la valorisation, un signe d’amour, vont y rechercher des compliments, mais beaucoup plus rarement du plaisir. En menant cette grève, par contre, je n’ai quant à moi jamais été aussi productive en films, en textes, en travaux universitaires. Pas parce que je m’ennuie, mais parce que j’utilise mon énergie à autre chose que cette décevante danse de séduction qui n’en finit plus.
Pourquoi et comment adapter ce texte au théâtre ?
O : J’ai effectué plusieurs lectures musicales de ce texte et j’ai été frappée à ces occasions par les réactions des femmes. Je me suis aperçue que ce texte était drôle et galvanisant, que les femmes arrivaient à rire collectivement des diktats qui s’imposent à elles. J’ai donc eu le désir qu’il soit porté par quelqu’un d’autre que moi. Anna Mouglalis, en dehors d’être une formidable actrice qui m’a toujours fascinée, a depuis longtemps été engagée pour la cause féministe et, de par sa carrière de mannequin, sait aussi ce que c’est que d’être potentiellement une femme trophée, réduite à sa corporéité. Elle portera le texte en étant accompagnée par des créations musicale et vidéo, évoquant toutes ces injonctions devant lesquelles les femmes hétéros plient trop souvent.
Propos recueillis par Eric Demey
du mardi au samedi à 21h.Tel : 01 46 06 49 24.
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