La 38ème édition de CIRCa offre à Auch un riche panorama des écritures circassiennes contemporaines

« Garder la tête haute ». Avec ce mot d’ordre, la 38^ème édition de CIRCa prend acte dans un même mouvement de l’état inquiétant du monde et des forces vives que peut lui opposer la création circassienne contemporaine. Porté par Circa – Pôle National Cirque, l’événement se tient à Auch, où l’arrivée au mois d’octobre de spectacles sous chapiteaux, en espace public et en salles est aussi naturelle que le déroulé des saisons. Cette année, ce sont 21 spectacles professionnels de création récente et 18 proposés par des écoles de cirque, mais aussi des concerts ou encore des scènes ouvertes qui s’invitent du 17 au 25 octobre dans la ville et viennent y répandre une énergie bienvenue dans le chaos ambiant. Loin d’être absent du panorama des écritures circassiennes que dessine l’édition, ce dernier apparaît dans bien des propositions sous des formes diverses, comme un élément auquel il s’agit de résister. Ainsi dans leur nouvelle création on ne peut plus sobrement intitulée «         », Camille Boitel et Sève Bernard déclarent-ils à coups de « catastrophes, déséquilibres, décompositions, effondrements » leur amour à l’imprévisible afin d’y trouver leurs marques. Dans Aspirator conçu et mis en scène par Mélissa Von Vépy, deux clowns-acrobates luttent contre la menace que représente un inquiétant aspirateur…

De la fête et du feu

Dans ce paysage artistique en lutte, deux spectacles se placent sous le signe du feu. Dans IGNIS, Nicolas Fraiseau incarne un clown qui nous fait redécouvrir l’élément en question et le replace au cœur de l’expérience collective, à la fois comme « chaleur protectrice, brasier révolutionnaire, lumière vacillante du souvenir ou flamme vive du désir ». Dans FEU, Fanny Alvarez mêle quant à elle acrobatie, musique live et installation en une « fête sensorielle où l’énergie brûle, entre urgence d’agir et plaisir de vivre ». Artiste bien connu du festival, le Flamand Alexander Vantournhout (lire notre entretien page XXX) se place plutôt du côté des inflammables avec Frames, en mettant son art particulier du mouvement au service de ces questions : « À quel point un cadre définit-il une peinture ? Que se passe-t-il si on enlève le cadre ? ». Parmi les temps forts de l’édition, on note encore un focus dédié au cirque québécois comme on le connaît peu, loin des grands formats spectaculaires qui font sa réputation à l’international. Avec N.Ormes de la compagnie Agathe & Adrien et Play Dead du collectif People Watching, on découvre un cirque québécois sensible et singulier. Du côté des écoles de cirque, dont le travail est toujours au cœur de CIRCa, on fête notamment les 50 ans de Pop Circus basé à Auch, avec une forme réunissant professionnels et amateurs pour célébrer la joie d’être ensemble et y puiser la force nécessaire pour la suite.

Anaïs Heluin