Draw from within de Wim Vandekeybus
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Système Castafiore crée KANTUS 4-Xinct Species et déploie un étrange bestiaire à la beauté saisissante.
Marcia Barcellos et Karl Biscuit, alias Système Castafiore, n’ont pas leur pareil pour créer des mondes fantastiques d’une beauté envoûtante. KANTUS 4-Xinct Species créé à Grasse, où leur compagnie est installée, dans le cadre du Festival de Danse de Cannes, ne fait pas exception. Réunissant quatre chanteurs et cinq danseurs, la pièce nous convie à un rituel qui voit défiler un bestiaire aussi somptueux qu’inquiétant – impressionnants costumes signés du fidèle Christian Burle – et quelques élégantes divinités. Dans un univers déclinant les noirs, les bruns et les rouges sombres que rehaussent les gravures projetées en fond et côtés de scène, apparaissent tour à tour des cervidés aux cornes et bois majestueux et surdimensionnés, d’étranges créatures aux pinces gigantesques, de gros moustiques recouverts de picots ou un singe à la tête parée d’un inquiétant masque à gaz. La musique comme la danse embrassent les époques et les cultures. Le Funeral Canticle de John Tavener côtoie les chants amazoniens de Marlui Miranda, les mouvements voguent des piétinements et ancrages au sol africains aux tourbillonnements des derviches tourneurs.
Une série de tableaux fantasmagoriques
Si cette nouvelle création de Système Castafiore est plastiquement très réussie, elle laisse toutefois quelques regrets. On aurait aimé qu’il soit donné à ce géant velu au visage cagoulé de pierre chantant en playback la chance de nous attendrir un peu plus, à ces trois êtres aux longs cheveux d’algues et aux jupes amples de nous captiver encore en déployant leurs petits pas glissés ultra-rapides. Les tableaux s’enchaînent à vitesse grand V et ne laissent pas le temps à l’émotion de vraiment poindre. D’autre part, si comme la feuille de salle nous l’apprend, le titre KANTUS 4-Xinct Species signifie que la pièce se situe après l’Anthropocène et qu’elle développe des rituels dédiés aux espèces disparues, c’est assez peu lisible. Il n’en reste pas moins que la qualité des chants et chanteurs – les sopranos Lise Viricel et Lina Lopez en alternance, le contre-ténor Théophile Alexandre, le ténor Martin Mey et la basse Simón Millán –, la danse toujours élégante même si assez peu présente et la créativité débridée des auteurs n’ont eu aucun mal à conquérir un public manifestant bruyamment son ravissement à l’issue de la première.
Delphine Baffour
à 20h.
Tél. 03 87 74 16 16. Durée : 1h15.
Vu au Théâtre de Grasse dans le cadre du Festival de Danse Cannes Côte d’Azur.
Également du 9 au 12 mars à Chaillot – Théâtre national de la Danse, Paris.
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