La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Critique

Kaash

Kaash - Critique sortie Danse Brest
Crédit : Jean-Louis Fernandez Légende : Kaash d’Akram Khan.

En tournée / Chor. Akram Khan/ Scén. Anish Kapoor / Mus. Nitin Shawney

Publié le 24 novembre 2015 - N° 238

Kaash est la première pièce qui fit connaître le chorégraphe anglais d’origine pakistanaise Akram Khan en 2002. Elle déploie une dynamique à nulle autre pareille et une gestuelle fulgurante.

C’est une sorte de pièce-manifeste qui bousculait un paysage chorégraphique français en plein doute sur le primat du mouvement. Douze ans après sa création, elle revient en France, intacte, avec ses lueurs sombres, sa gestuelle fulgurante qui mélange au Khatak une danse contemporaine virtuose. Créé en collaboration avec deux artistes indo-britanniques renommés, le célèbre plasticien Anish Kapoor et l’un des compositeurs les plus recherchés aujourd’hui, Nitin Shawney, Kaash, qui signifie « si seulement » en hindi, aborde les multiples récits de la création du monde dont Shiva, Dieu de la métamorphose et de la réincarnation, est la figure centrale.

Rendre visible la théorie du chaos

Prélevée dans une sorte de flux continu, la chorégraphie, d’une rapidité ahurissante, laisse apparaître une transparence du mouvement, comme menacé de disparaître. Les corps des cinq interprètes sont emportés dans cette dynamique instable. Leur gestuelle complexe, structurée, travaillée par des accélérations intenses, auxquelles succèdent des ralentis fascinants, crée une sensation d’apesanteur ou d’éblouissement. Leurs corps retenus semblent alors léviter avant de tomber comme anéantis. Cette physicalité acérée, véloce et précise engouffre interprètes et spectateurs dans la théorie du chaos. Si la composition musicale très rythmée  de Nitin Shawney dynamise encore le mouvement, viscéral, pulsé par des percussions ponctuées de quelques éclats de gongs, la scénographie d’Anish Kapoor exerce sa force visuelle autonome, attirant irrésistiblement le regard vers des profondeurs vibratiles. Comme un immense trou noir prêt à propulser les danseurs dans un monde invisible, la lumière pulsatile amenuise la ligne qui sépare la présence de l’absence dans une transmutation infinie. Shiva n’est-il pas le Dieu qui détruit l’ordre pour le restaurer ?

 

Agnès Izrine

A propos de l'événement

Kaash
du samedi 5 décembre 2015 au vendredi 27 mai 2016


Le 5 décembre au Quartz de Brest, les 11 et 12 décembre à l’Espace 1789 de Saint-Ouen, le 15 décembre au Théâtre Firmin Gémier – La Piscine de Chatenay-Malabry, les 17 au 19 décembre à la Maison de la Musique de Nanterre, le 30 mars 2016 au Théâtres en Dracénie de Draguignan, les 2 et 3 avril à l’Espace des Arts, Scène Nationale de Chalon-sur-Saône, du 5 au 7 avril à Bonlieu, Scène Nationale d’Annecy, les 17 et 18 mai au Théâtre de Caen, 27 mai au Zénith de Pau. Durée : 1h00.

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