Les Précieuses ridicules, d’après Molière, mise en scène Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux
Pour la Saison Molière 2022 de la [...]
Artiste associée au Théâtre National de Strasbourg, la metteuse en scène Christine Letailleur choisit cette saison de mettre en lumière une figure féminine hors-normes du siècle des encyclopédistes. Appuyée sur les lettres que Julie de Lespinasse adresse à celui dont elle est follement éprise, la création focalise sur les dernières années de vie, celles où la passion prend le pas sur tout.
En ce mois d’avril, vous tenez doublement l’affiche. Au TNS, avec cette nouvelle création et au Théâtre de la Ville avec la reprise de L’Eden Cinéma. De l’une à l’autre de ces pièces, suivez-vous un fil rouge ?
Christine Letailleur : C’est un hasard de calendrier ! Passer de Duras à Julie de Lespinasse s’est imposé comme une évidence. Ce sont de grandes passionnées. Elles sont toutes les deux des écrivaines de l’amour passionné. De l’amour impossible, inaltérable, qui mène à la mort. Elles ont également en commun d’être des femmes engagées dans leur temps ; des féministes chacune à leur manière. Plus profondément peut-être encore, elles questionnent toutes deux le désir, non pas de façon surplombante, mais vécue. Cette audace me frappe, et elle influe sur la forme transgressive, mouvante, elliptique, vivante, de leurs écrits.
Diriez-vous que votre adaptation et votre mise en scène tendent à dessiner un portrait de Julie de Lespinasse ?
C. L. : J’ai découvert sesLettres alors que je travaillais à l’adaptation desLiaisons dangereuses. La différence entre ces deux textes du dix-huitième siècle m’avait saisie. Avec ces lettres signées par Julie de Lespinasse, nous ne sommes pas dans le libertinage, la coquetterie, le jeu des apparences. Au contraire, un vécu s’expose avec la puissance bouleversante, unique, de la sincérité. Elle est l’héroïne du roman de sa vie. Fille d’un amour clandestin, elle apprendra à quinze ans que son père, qui ne la reconnaîtra jamais, a épousé, en justes noces, sa demi-sœur, la fille légitime de sa propre mère. Aurait-on pu imaginer qu’elle devienne l’une des salonnières les plus en vue de son temps ? Et qu’au faîte de son succès, elle décide de s’enfermer dans la solitude pour vivre cette passion qui la dévore et finira par la détruire ? En m’attachant aux dernières années de son existence, j’ai construit un spectacle en deux parties : l’attente et la déchéance.
Pour incarner Julie de Lespinasse vous avez choisi Judith Henry. Pourquoi elle ?
C. L. : Je suis très attentive au choix des acteurs. Comment faire entendre la voix de cette femme aujourd’hui ? Je trouve que Judith Henry, dont on sait la belle présence, le charisme, possède cette grâce, cette finesse correspondant à l’idée que nous pouvons nous faire de Julie de Lespinasse. Mais surtout, elle a, dans son regard, quelque chose de très profond ; un œil bouleversant qui vous emmène loin et laisse transparaître une grande force intérieure, qualité indispensable, à mon sens, pour incarner le sublime de son personnage. Elle fait entendre le texte par-delà les mots.
Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Du lundi au samedi à 20h. Matinée le samedi 30 avril à 16h. Tél : 03 88 24 88 00. Durée : 1h40.
Et aussi : L’Eden Cinéma au Théâtre de La Ville – Les Abbesses, 31, rue des Abbesses, 75 018 Paris. Du 15 au 23 avril 2022. Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h. Tél : 01 42 74 22 77. Durée : 2h.
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