La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Jean-Louis Martinelli

Jean-Louis Martinelli - Critique sortie Théâtre Nanterre Théâtre Nanterre-Amandiers
Jean-Louis Martinelli Crédit : Hannah Assouline

Théâtre Nanterre-Amandiers/ Une nuit à la présidence/ texte et mes Jean-Louis Martinelli / avec la contribution de Aminata Traoré

Publié le 24 février 2014 - N° 218

Initiée il y a une dizaine d’années avec une troupe du Burkina Faso, l’aventure africaine de Jean-Louis Martinelli porte à l’affiche des Amandiers une farce politico-économique aux accents brechtiens. 

Votre intérêt pour l’Afrique, dont témoigne encore « Une nuit à la présidence », a marqué votre carrière de metteur en scène et de directeur du Centre Dramatique National de Nanterre. Comment le motivez-vous ?

Jean-Louis Martinelli : Cette création est l’aboutissement de douze années de rencontres régulières et de travail avec une troupe du Burkina Faso,  la Compagnie Traces-Théâtre, menée par Moussa Sanou. Les rapports de confiance qui se sont instaurés nous ont conduit dans un premier temps à beaucoup nous interroger sur la « françafrique », la décolonisation. Interrogations dont témoignent les spectacles Voyage en Afrique et Mitterrand et Sankara de Jacques Jouet. Puis il nous est apparu que les problèmes qui se posent à l’Afrique aujourd’hui opèrent comme de véritables révélateurs de ce que le capitalisme le plus terrible et le plus cynique met en œuvre à l’échelle de la planète. L’Afrique est un laboratoire et donc un observatoire privilégié.

« L’Afrique est un laboratoire et donc un observatoire privilégié. »

Comment la pièce a-t-elle concrètement pris forme ?

J.-L.M : A l’origine, nous sommes partis de l’idée d’adapter pour la scène le film Bamako d’Abderrahmane Sissako.  Mais peu à peu, pas à pas, notre aventure s’est enrichie d’improvisations. Pour établir le texte nous avons procédé à de nombreux allers-retours entre ce que les acteurs improvisaient sur la base de films, de documentaires, d’entretiens, que je reprenais formellement avant d’en tester l’efficacité sur le plateau. Notre vrai faux procès du capitalisme financier a pris le tour d’une farce brechtienne, d’un cabaret politique ubuesque ayant pour toile de fond un palais présidentiel africain où se joue le devenir de millions de personnes exclues de tout processus de décision.

Cette pratique d’écrivain de plateau ne vous est pas habituelle.  Pourquoi s’est-elle imposée à vous ?

J.-L.M : Le stage que j’ai animé, regroupant une dizaine d’acteurs et de chanteurs, en juin 2012 à l’occasion du festival Sya Ben à Bobo-Dioulasso,  a été décisif. Les comédiens avec lesquels ce projet a pris forme sont rompus à l’art de l’improvisation, capables d’inventer des canevas à partir des situations singulières de leur personnage. Ce sont de véritables griots contemporains. Ils ont une propension à questionner le réel grâce à la pratique régulière des spectacles de sensibilisation, leur rapport à l’art dramatique s’ancre dans le vécu. D’aucuns voudraient nous faire croire qu’à force de trop nous préoccuper du monde ou de la politique, nous nous éloignerions de l’art et de ses plus nobles destinations formelles et esthétiques. Mais qu’en serait-il d’une interrogation sur l’homme placé hors du monde ? L’intime n’est-il pas profondément agité par les conditions de l’existence, par le politique donc ? Cette question du rôle de l’art est aussi celle d’Une nuit à la présidence.

Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Galfré

A propos de l'événement

Un cabaret politique
du vendredi 7 mars 2014 au dimanche 6 avril 2014
Théâtre Nanterre-Amandiers
7 Avenue Pablo Picasso, 92000 Nanterre, France

Du 7 mars 2014 au 6 avril 2014, le mardi, le mercredi, le vendredi, le samedi à 20h30, le jeudi à 19h30, le dimanche à 16h. Tél : 01 46 14 70 00. www.nanterre-amandiers.com

 

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