Circa, le rendez vous incontournable du cirque présente sa 36eme édition
La 36e édition du Festival du cirque actuel [...]
Texte de Claudine Galea, original et délicat, et joliment mis en scène par Sandrine Nicolas, Je reviens de loin entrelace les récits, les plans de la fiction et les personnages autour de l’absence d’une mère.
Claudine Galea est une romancière et dramaturge qui depuis quelques années déjà donne au théâtre public des textes au féminin, aux narrations fragmentées et à l’écriture à la fois poétique et riche en images et sensations. Elle sera à nouveau jouée à la Comédie-Française au printemps prochain, avec Trois fois Ulysse. Dans Je reviens de loin que met en scène Sandrine Nicolas au Studio de la Comédie-Française, l’écrivaine déploie un récit mené par une femme qui, un jour, a quitté sa famille sans prévenir, laissant son mari et ses deux jeunes enfants à leur solitude et à leurs interrogations. Le récit ne donne pourtant pas dans l’explication psychologique, pas plus qu’il ne recherche la vraisemblance narrative. Le petit garçon se refuse à croire que sa mère est partie. Sa sœur, qui entre au collège, se retourne contre celle qui sème ainsi le désordre et le malheur. Mais Je reviens de loin mêle surtout des scènes dont on se demande si elles racontent ce qu’imagine ensuite la mère incarnée par Françoise Gillard ou si elles sont le récit d’un narrateur omniscient qui pénètre les esprits et les maisons. En effet, les souvenirs se mélangent avec ce que la vie devient possiblement, les scènes se font tour à tour vraisemblables et oniriques, les personnages s’entrecroisent sans se voir et malgré la déchirure, petit à petit, la vie se raccommode.
La recomposition des vies
Sandrine Nicolas a perçu ce texte comme une sonate, avec ses boucles narratives et ses motifs récurrents. Sa mise en scène le répercute habilement, mêlant les plans réalistes et oniriques de la fiction et accompagnant la fragmentation du récit via des jeux de miroirs par lesquels les personnages se diffractent et s’entrecroisent. Frôlements, présences, chorégraphie des corps joliment imaginée par Ingrid Estarque, la contrebasse de Théo Girard soutenant avec douceur et vigueur ce ballet tout en touches suggestives, Je reviens de loin déploie petit à petit un univers hors-sol, parfois exagérément doucereux, qui s’écarte notablement des canons de ce type de récit familial. Avec en son cœur l’absence d’explication qui permet que se déploie la recomposition des vies nourries d’un passé heureux que la séparation ni n’efface ni ne nie, laissant place à un présent où tout est à réinventer. On parlerait aujourd’hui de résilience. Pierre-André Louis Calixte, père fragile et enveloppant, Léa Lopez, jeune fille qui sublime sa douleur dans la musique, Adrien Simion, petit garçon qui invente des comptines, ni ne se perdent, ni ne se créent, mais simplement se transforment. C’est la vie, vue de l’intérieur, dans ses méandres et sa densité.
Eric Demey
du mercredi au dimanche à 18h30. Tel : 01 44 58 15 15. Durée : 1h20.
La 36e édition du Festival du cirque actuel [...]